Le Vieil Alambic
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Journal de Clarisse.

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Message  Clarisse Loumis Ven 22 Avr - 10:42

22ème jour du quatrième mois, à la Baie.

Un peu de repos ne me ferait pas de mal. Je suis fatiguée ces temps ci, peut-être est-ce dû à la grossesse, ou peut-être simplement le fait d'avoir bien plus de travail du fait de l'ouverture de l'auberge. C'est une chance qu'Angelie se soit enfin décidée à venir me voir. Je ne sais pas si elle va rester dans la région, ni même si elle va se plaire avec nous, car pour le moment Michal est encore très méfiant et assez distant.

C'est d'ailleurs fou de voir comme il est différent, avec moi et avec les autres, tous les autres, qu'il les connaisse ou qu'il les découvre. Plus nous vivons ensemble, plus il se dévoile à moi, et plus je suis heureuse de voir comme il est, au fond, de découvrir sa véritable personnalité. Je lui avais dit que c'était une bonne personne, dès le premier jour de notre rencontre j'avais senti cela. Mais ce que nous vivons ensemble, tous ces moments merveilleux de douceur, de partage, de fusion même, c'est réellement la plus belle chose qui me soit arrivé de toute ma vie. Je ne sais qui je dois remercier dans mes prières, à qui je dois demander que cela ne s'arrête jamais, mais ce que je sais, c'est que je suis probablement la plus heureuse des femmes de ce monde et que je n'ai nulle envie d'abîmer ça, de quelque façon que ce soit.

Il ne cesse de me demander de prendre du repos, d'autant qu'il fait tout pour que nous puissions nous dégager du temps pour nous deux, cherchant à qui confier des responsabilités. Il va falloir que je trouve de mon côté comment me dégager du temps libre, peut-être voir avec Angelie, mais je ne la sens pas vraiment prête encore à prendre de l'ascendant sur les autres.

Quoi qu'il en soit, je partirai bien en voyage avec lui quelques temps, juste pour être main dans la main et découvrir le monde avec lui, celui là et même d'autres. Juste lui et moi, et l'infini à découvrir... quel beau projet.
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Message  Clarisse Loumis Jeu 28 Avr - 15:25

28 ème jour du quatrième mois à Hurlevent.

Nous avons de nouveau déménagé. La vie à la Baie n'était de toute façon plus très tranquille et Michal a tellement insisté pour que je prenne plus de repos que je n'ai vu que cette solution pour ne pas me sentir trop à l'écart. Si nous étions restés à la Baie, je n'aurais jamais accepté qu'il aille à la taverne sans moi, et nous aurions dû continuer ainsi.

Tandis que là, avec ce petit appartement amenagé dans l'autre bâtiment annexe, de l'autre côté de la taverne, je peux aller et venir à ma guise entre l'auberge, la taverne, et notre logement. Je suis plus libre, moins coincée d'un côté ou de l'autre, je peux être là sans être là, ou du moins pas loin, disponible en cas de problème et c'est beaucoup mieux.

En plus, le logement me rappelle celui que Michal m'avait trouvé au tout début de notre relation, quelques jours après notre première rencontre.

Nous avons déjà trois clients à l'auberge, plus les employés, cela fait une belle maisonnée maintenant, et cela me fait plaisir. Le seul point noir, c'est Angelie, je sens bien qu'elle pensait me trouver bien plus disponible pour aller avec elle en ville ou en promenade. Or moi je n'aime pas me trouver loin de Michal, je n'aime pas le savoir sans moi, j'ai besoin de le sentir proche, au moins par la pensée si cela ne peut être physiquement. Et ça, Angelie le sent et même si elle ne dit rien, ni reproche ni critique, je vois bien qu'elle le vit assez mal. Et je ne sais trop que faire.
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Message  Clarisse Loumis Sam 30 Avr - 14:50

30 ème jour du quatrième mois, Hurlevent.

Je crois que j'ai dit une bêtise hier soir et j'ai peur de ne pas savoir revenir en arrière.

Je lui ai dit qu'il me manquait, beaucoup, souvent, en fait dès que je ne l'ai pas vu depuis quelques heures, et que cela me faisait une pointe de douleur au plexus si j'apercevais un homme qui lui ressemblait ou si j'entendais un homme rire dans la rue.

Et comme il me demandait pourquoi dans ces moments là je ne l'appelais tout simplement pas, que s'il était disponible il viendrait immédiatement, qu'il laisserait tout en plan pour venir me retrouver, moi j'ai dit que je n'osais pas parce que je trouvais ça indécent.

Le mot a eu l'air de le choquer. Il l'a répété lentement, avec un ton presque de désespéré. Et comme je voyais qu'il ne m'avait pas comprise, que ce n'était pas lui qui était indécent, jamais, mais bien moi qui avait du mal à affirmer ma demande de lui, il m'a murmuré que si je trouvais cela indécent, alors qu'il ne pourrait plus lui, me demander quoi que ce soit.

J'ai eu beau essayer de lui dire qu'il se trompait, que j'avais déjà des dizaines de fois expliqué que jamais je ne penserais ça de lui, j'ai bien vu que je l'avais inquiété. Il ma murmuré que je ne me rendais pas compte à quel point je lui manquais parfois, qu'il avait le sentiment de se noyer lorsqu'il était trop loin de moi et que des deux, c'était peut-être bien lui qui souffrait le plus de l'absence, ce qu'il m'avait déjà d'ailleurs dit.

Après toutes les discussions que nous avions déjà eues sur le sujet, alors que j'avais le sentiment que l'on s'était beaucoup amélioré dans l'aveu de cette difficulté à supporter l'absence de l'autre, j'ai l'impression d'avoir tout cassé par ce simple mot. Car si moi je parlais d'indécence ce n'était pas à propos de sa simple présence, mais du besoin que j'ai parfois d'être à lui, de me sentir désirée de lui, que c'était ce besoin là que j'avais du mal à exprimer, que j'en avais presque honte tellement il me prenait au corps parfois, ce besoin. Et que c'était ça que j'avais du mal à dire, et rien d'autre.
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Message  Clarisse Loumis Lun 16 Mai - 10:57

16ème jour du cinquième mois, à Hurlevent.

Longue discussion hier soir, après avoir laissé les employés gérer la crise qui se déroulait dans la taverne.
Longue discussion qui, d'un certain point de vue, pouvait paraître assez anodine, mais qui, et j'en ai confirmation après avoir relu les pages précédentes de ce cahier, est tout à fait essentielle, en tout cas pour moi et mon envie de comprendre ce qui se passe entre nous.

Nous avons parlé de ce sentiment que j'ai de vouloir lui appartenir. Et il était évident qu'il n'avait jamais compris ce que je lui disais en répétant ces mots. Il y voyait les liens du mariage, la cruauté de l'absence, la difficulté de vivre sans l'autre. Choses tout à fait réelles et présentes, de toute façon, mais bien incomplètes, je le sentais hier soir.

Et de lire ce que j'ai écrit il y a deux semaines sur l'indécence m'a tout à coup sauté à la figure comme une évidence. C'est ce désir de lui appartenir "corps et âme" que je trouvais indécent, car sans le comprendre à ce moment là, j'y mettais tout mon coeur, tout mon désir, tout mon être. Et si, en face de moi, je n'avais pas le sentiment que c'est ce qu'il attendait de moi, alors, oui, ce désir là devenait indécent.

Or je sais que j'ai ce désir là en moi, depuis toujours, d'appartenir à un homme. Je l'ai compris avec Nicky, c'est ce qui me fait vibrer. Et, comme je l'ai découvert en parlant avec Michal hier soir, il me semble que j'ai dû sentir ce même désir, inversé donc, en lui dès le premier jour de notre rencontre, mais sans m'en rendre compte, car très peu de choses dans son comportement le laissait supposer. Juste.. une façon d'être et de faire, qui me convenait parfaitement, dès les premières paroles échangées.

Et le fait qu'ensuite, il ait eu autant de mal à exprimer son désir de moi, autant de mal à réclamer même, autant de mal à être et faire comme il en a envie avec moi, par peur de me décevoir ou d'être "trop envahissant" comme il le répète, c'est ce fait là qui nous a mis parfois malheureux l'un en face de l'autre. Car lui devait certainement sentir que j'attendais de lui ce "quelque chose" qui le rendrait maître de moi, mais, peut-être parce que c'était en lui et qu'il ne le comprenait pas, cela devait lui faire peur, et le faire agir à l'opposé de ce qu'il rêvait ou se sentait attiré.

Car il m'a bien dit hier soir qu'il pensait que de ressentir ce besoin qu'il avait de moi "c'était mal"... Voilà pourquoi moi, en face de ce sentiment qu'il avait, je ne pouvais que me sentir indécente. Indécente au regard de ses peurs et de ses craintes personnelles, oui... c'est évident.

Reste à savoir si je "fantasme" sur ce désir qu'il aurait, ou si c'est bien là, en lui. Comme quoi, on croit s'être compris, être au bout de chemin, et on découvre qu'on vient seulement de l'entamer. Mais c'est ce qui en fait la beauté.
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Message  Clarisse Loumis Ven 20 Mai - 8:40

20ème jour du cinquième mois, à Hurlevent.

C'est un garçon ! Le médecin chef des Hospitaliers, la Dame Lambrade, a été formelle, il s'agit bien d'un garçon et je suis enceinte de quatre mois. Je ne m'étais donc pas trompée, pour la date, et pas non plus trompée, pour le petit Loumis que je crois parfois sentir bouger mais dont je ne dis rien à Michal car cela me semble assez improbable.

Michal était encore plus heureux que je ne l'avais imaginé, et j'ai senti à quel point cet enfant était pour lui comme une preuve supplémentaire de son évolution personnelle. Du "gentil voyou" qui m'a plus dès ses premières paroles à l'homme doux, responsable et attentionné qu'il est devenu, quel chemin parcouru.

Hier soir, sans doute d'avoir été avec les futurs mariés Mantelumière à parler de leur mariage, nous avons éprouvé le besoin de parler du nôtre ensuite et une fois qu'ils ont quitté notre logement, nous sommes restés un long moment au lit à parler de ce qui nous était arrivé. Il a voulu que je lui raconte comment j'avais vécu les choses. Il voulait savoir s'il aurait pu mieux faire, s'il n'avait pas "trop fait de conneries" comme il dit, et ce depuis qu'on se connaît.

Je lui ai tout raconté depuis notre décision commune, sans reprendre ce moment où il m'avait fait sa demande, dans la région d'Austrivage, mais j'aurais tout aussi bien pu, tant tout ce qui le concerne est resté à jamais gravé dans ma mémoire.

Je n'ai pas cherché à cacher comme j'étais inquiète à ce moment là, et souvent, du fait que je ne connaissais personne, du fait aussi qu'il parlait si peu, qu'il avait tellement d'amis, tellement d'activités différentes et variées, tellement de secrets pour moi, que je ne savais quasiment jamais si ce que je ressentais, et dont moi je parlais, était sincèrement partagé ou pas.

Je lui ai raconté comme je m'étais sentie bête de ne pas oser demander qu'il me rassure quand j'en avais besoin. Mais c'est justement parce que j'étais inquiète que je m'en sentais incapable.

En y repensant hier soir, puisque j'en parlais avec lui, une évidence m'est apparue. Avec tous ces silences, ces incompréhensions, ces difficultés que nous avons rencontrés, et de voir aujourd'hui où nous en sommes, dans cette complicité si belle et si douce... il fallait que nous nous aimions très fort, très profondément, et ce depuis les tous premiers instants. C'est ce qui nous a permis de tenir le cap, de supporter, l'un et l'autre, les douleurs que nous nous sommes infligées sans vouloir faire mal, juste par bêtise ou incompréhension. C'est ce qui nous a soudés, l'un à l'autre, à jamais.

Et c'est ce qui restera entre nous, et même derrière nous, avec le "p'tit Loumis" qui viendra égayer notre vie dans cinq mois. Nous étions faits l'un pour l'autre, nous ne le savions pas, et nous avons eu la chance de nous rencontrer ce jour là sur le petit banc près de la cathédrale, une rencontre plus qu'improbable car liée à tellement de faits précédents qui auraient dû l'empêcher. C'est bien la preuve que nous étions destinés l'un à l'autre, et que l'univers entier s'était mis en route depuis bien longtemps pour que cette rencontre advienne.
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Message  Clarisse Loumis Mar 24 Mai - 7:29

24ème jour du cinquième mois, loin de chez nous.

Comment ai je pu croire qu'il ne s'en souviendrait pas... c'est vrai que je ne l'avais dit qu'une seule fois, lorsque nous parlions de la date de mariage, et que nous avions envisagé de nous marier entre nos deux anniversaires, pour faire un long voyage à ce moment là, une lune de miel allant de son anniversaire au mien. Mais voilà, une seule évocation, plus aucun rappel ensuite... je n'y pensais plus, ne me préoccupant que du sien, préparant mes cadeaux, tandis que lui préparait le sien en secret.

Et quel cadeau ! Une superbe bécane rutilante et pétaradante, avec un side-car qu'il va aménager pour le bébé et son couffin ! J'en étais toute retournée, et tellement contente, je ne trouvais plus mes mots pour le remercier, ne sachant, comme d'habitude, que pleurer bêtement de joie.

Il m'a expliqué comment s'en servir, m'a montré comment mettre en marche, accélérer, freiner, et je l'ai embarqué pour rouler comme une enfant à faire le tour de la ville en riant, manquant écraser les gens qui ne prenaient pas garde à nous. J'étais aux anges, et j'aurais voulu pouvoir lui rendre au centuple la joie qu'il me donnait là. Comme il est difficile parfois de dire le bonheur, la joie qui est au creux du ventre, le sentiment de plénitude et de profond amour que l'on éprouve pour l'autre qui devenu.... tout.

Nous avons mangé un gâteau au chocolat et reparlé aussi de ce qui arriverait s'il venait à disparaître. J'avais bien vu l'autre soir qu'il prenait très au sérieux le fait que je risquais de vouloir disparaître si je me retrouvais sans lui. J'y avais réfléchi et m'étais dit que je ne devais pas rajouter cette tentation à ses craintes. Alors je lui ai promis de faire un effort, de tenter de continuer à vivre, pour notre fils à naître, pour que tout de nous ne disparaisse pas avec lui.. au cas où. Mais si cela devait être, il m'en coûterait tellement que je ne suis pas certaine d'y arriver. J'ai juste dit que je ne me jetterai pas du haut des remparts, que je ne mettrai pas fin à mes jours. Mais j'ai aussi ajouté que je m'éloignerai du monde, loin, et ce malgré la taverne. Je ne me vois pas, mais alors pas du tout, recommencer une vie, comme on dit, sans lui. Ni non plus continuer cette vie comme si de rien n'était.

En attendant, il va essayer de retrouver Derek et le convaincre de venir aider les autres à la taverne. Il pense qu'un "lumineux", en qui il a semble-til totale confiance, saura déjouer tous les plans mauvais qui pourraient advenir.
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Message  Clarisse Loumis Mar 28 Juin - 19:02

28ème jour du sixième mois, Uldum.

Un mois déjà que je n'avais pas écrit dans ce carnet et cela me manquait. J'ai bien écrit quelques textes mais je les garde secrets, trop d'intimité révélée, on ne sait jamais qui pourrait le lire. Ce carnet du quotidien n'était là que pour marquer le temps qui passe, mais je ne peux passer sous silence ce qui est en train de se passer.

Nous sommes depuis deux jours dans la région d'Uldum et ce qui se passe entre nous me ravit, dans tous les sens du terme.

A son contact j'avais déjà changé, j'évoluais en douceur, mais là je deviens autre, ou plutôt vraiment moi même, et peu à peu les barrières qui enserraient mon coeur et mon esprit, tombent, me dévoilant, vulnérable, frémissante, fragile, comme une fleur qu'il a tout loisir de cueillir.

Ce que je croyais impossible, voire même seulement imaginable, est en train d'advenir. Ce qui est certain c'est que, l'un comme l'autre, avons espéré cette relation sans oser même en rêver. Et c'est cette confiance de l'un pour l'autre, acquise au fil des jours, qui nous permet, à l'un comme à l'autre, de s'aventurer ensemble sur ce terrain, et de se dévoiler, intimement. Presque contre toute attente, les rêves secrets se font jour, comme une forme de merveilleux. C'est en tout cas comme cela que je le vis. Et cela me ravit, profondément.
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Message  Clarisse Loumis Mar 28 Juin - 22:33

Même jour, quatre heures plus tard.

Il s'est endormi et je suis là, à tourner en rond. Je sais que je ne devrais pas m'inquiéter mais tout, dans son comportement de ce soir, me pousse à le faire. Il est arrivé tard de là où il était, énervé, ne disant rien, ne me demandant rien, ailleurs, loin de moi, et ce sans me donner d'explications que, c'est vrai, je n'ai pas demandé non plus. Puis il est est reparti préparer les sacs, un long moment, me laissant sans plus un mot qu'au moment de son arrivée. J'ai failli rentrer au village et ne pas l'attendre, je crois que j'aurais dû, attendre ne me réussit pas et même si nous avons parlé ensuite, il est resté lointain, sans vraie complicité ni présence, absent, pressé d'aller dormir, s'endormant même bien plus tôt que d'ordinaire, sans véritable raison ou alors sans me la donner, et même si je sais qu'il est perturbé en ce moment, même si je pense que c'était probablement une vraie fatigue qui lui a donné cette distance tout au long de la soirée, le fait est que je ne l'ai pas vraiment senti proche de moi et que je garde en moi un doute qui me creuse le ventre depuis lors.

Car ce qui se passe là est déjà arrivé. C'est comme si, quand je lâchais quelque chose, et qu'il obtenait ce quelque chose, cela l'éloignait de moi par contre-coup. Peut-être pour mieux m'approcher ensuite, une fois tout cela intégré, mais là, j'ai beau depuis près d'une heure tenter de me raisonner, je n'y arrive pas. Je commence à me demander si je ne devrais pas faire machine arrière dans l'abandon de ma volonté, car je risque d'y perdre beaucoup, et même énormément. Et je ne suis pas certaine d'assumer tout ça. Et si je ne l'assume pas, je vais me retrouver au plus bas, pire même, en dessous de tout... et même s'il me dit être conscient de ce qui se passe et avoir confiance, moi je sais que je ne m'en remettrais pas, et j'ai tout à coup vraiment peur, de moi.
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Message  Clarisse Loumis Mer 29 Juin - 6:51

29ème jour du sixième mois, très tôt le matin

J'ai très mal dormi, le doute ne m'a pas quittée, je me suis réveillée très tôt avec le sentiment que la nuit ne m'avait pas apporté le repos qu'il m'aurait fallu pour que je retrouve un peu d'entrain à faire ce qui est nécessaire.

Cette soirée me laisse un arrière goût bizarre, comme celle sur la péniche aux Mille Pointes, le sentiment que je glisse, que je n'en fais pas assez, que je me perds. C'est tout à la fois ce que je désire au plus profond de moi, et ce que je crains tout autant.

Je me demande si je ne devrais prendre un peu de recul, le laisser faire ce qu'il a à faire, remettre un peu de distance entre nous, ou du moins, accepter celle qu'il m'a tout de même bien semblé ressentir hier soir. Car j'ai beau essayer de lui trouver des explications, sinon des excuses, car il n'y a pas de faute, bien évidemment, il y a tout de même bien quelque chose que je reconnais, que je sens et que j'analyse comme un contre-coup de l'autre soir et de ce secret que je lui ai révélé.

C'est assez flou, mais sa réponse au fait que je trouvais qu'il faisait très bien "genre celui qui n'y a pas pensé" après cette petite révélation sur un rêve similaire un mois auparavant, et cette phrase sur le fait qu'il protège ses pensées, tout cela est très certainement lourd de sens. Car c'est ce que j'ai senti toute la soirée, qu'il "protégeait" quelque chose.

Peut-être que, en dévoilant mon secret, j'ai mis à jour le sien, celui dont il a rêvé il y a un mois, et qu'il a besoin de se reconstruire un peu en prenant ses distances. On est sans cesse l'un avec l'autre, peut-être que, sans nous en rendre compte, nous nous faisons du tort, de cette façon. Car c'est bien une mise à distance que j'ai sentie, plus cette phrase sur notre incapacité similaire à ne pas aimer attendre, comme si, hier soir, il avait voulu me montrer que ce n'était pas agréable pour lui de m'attendre, et que, sans le dire et peut-être même sans le vouloir consciemment, il avait voulu me le démontrer, justement parce que ce secret révélé lui posait problème.

Sauf que moi je préviens, j'explique, je ne "protège pas mes pensées", en tout cas, pas avec lui.

Je ne sais pas, je ne sais plus, ma tête va exploser de trop y penser. Et la peur que j'avais cette nuit ne m'a toujours pas quittée.

Je ferai sans doute mieux d'aller faire une longue ballade seule et le laisser tranquille à ses affaires.
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Message  Clarisse Loumis Mar 12 Juil - 16:54

12ème jour du onzième mois, à Théramore.

Je voulais relire tout mon journal à la lumière de ce que je commence à comprendre mais je n'en ai pas la force, pas l'envie. Pourtant, je vais mal depuis hier soir et je me doute que cela pourrait m'aider à comprendre ce qui se passe en moi, mais non, vraiment, pas envie.

Je me sens... je ne trouve pas mes mots. Triste, profondément triste, mais sans savoir pourquoi. Je suis au bord des larmes depuis ce matin. Est ce le fait de la fatigue ? Probablement, veiller tard ne me réussit pas toujours et là, je suis restée un moment sans réussir à m'endormir, après cette conversation. J'étais hébétée. Fatiguée, mais incapable de bouger, de me mettre en situation de dormir, alors que c'est ce que je savais devoir faire. Je ne me souviens pas de ce qui m'a hébétée plus que le reste, hier soir, mais une scène me revient en mémoire et tourne sans cesse dans ma tête. Ce sentiment de honte que j'ai éprouvé lorsque je suis revenue parmi eux, ce dimanche après midi.

Je me suis sentie morveuse, ce jour là. Je ne m'en souvenais pas, mais de le lui avoir raconté me l'a remis en mémoire. Fallait-il que je sois déjà bien accrochée à lui pour ainsi revenir, toute honte bue parmi eux, alors que personne ne m'attendait, que j'aurais aussi bien pu repartir en silence chez moi et ne plus jamais revenir. Je me suis souvenue comme je me suis sentie seule, et loin de tout, et misérable de ravaler ma fierté. Car cela ne me ressemblait pas et j'aurais dû rester là où j'étais, attendre, me laisser le temps de la réflexion, aussi, peut-être. J'ai éprouvé de la honte d'agir ainsi, de me rabaisser à mes propres yeux, pour un homme.

Ou alors est ce sa phrase, son explication ? "J'ai fait comme toujours, j'ai évacué, j'ai oublié"... Pourquoi cette scène si lointaine me tourne-t-elle en tête.

.... *des traces de larmes sur le journal, effacées rapidement mais laissant le papier légèrement gondolé* ----

Hier soir, en en parlant, il nous a semblé que ce jour là, nous n'étions tout juste amis, et depuis peu de temps. Cette scène ne signifiait donc rien, sur le moment, ou pas grand chose, à peine une petite dispute. Mais en fait, je viens de relire les premières pages de mon journal et j'ai compris que nous étions plus qu'amis, amants depuis deux jours et que sa présence m'était déjà devenue indispensable. Et j'ai retrouvé un rêve que j'ai fait à ce moment là, qui me parle.

Et curieusement c'est déjà cette honte que je ressens en moi qui m'avait fait faire ce rêve, la veille ou l'avant veille de ce dimanche après midi, peut-être même au cours de notre première nuit ensemble. Mais cela ne le concernait pas directement, car ce n'était que des fragments du passé revisités en songe, que son pouvoir sur moi rendaient tout à coup pertinents.

Je ne voyais plus rien, puis peu à peu j’ai vu une femme, nue, à terre, elle semblait blessée, recroquevillée contre le mur, je me suis approchée, elle a relevé la tête et ….. c’était moi. Moi qui pleurais, le visage ravagé de larmes, j’avais honte et je demandais pardon.

Je me suis baissée, et j’ai posé ma main sur sa joue, enfin la mienne, doucement et j’ai dit « Ce n’est pas toi qui a fais ça, Clarisse, c’est lui. » Mon autre moi a secoué la tête, vraiment triste et honteuse, et a dit « Non, tu sais très bien que non, je le voulais aussi, c’est moi qui ai trouvé l’inconnu, qui l’ai choisi, qui l’ai invité à venir». Alors je me suis assise, je lui ai pris les mains, et j’ai embrassé son front, très doucement. « Tu sais très bien que ce n’est pas ça qui te coûte Clarisse ». Elle m’a regardée, m’incitant à continuer, en silence. J’ai effacé les larmes sur ses joues et j’ai dit. «Le faire pouvait être … une expérience à tenter, un jeu à deux. Et rappelle-toi… c’est ce que tu as pensé sur le coup ». Elle a hoché la tête en reniflant un peu. « Mais ensuite… te reprocher de l’avoir tenté, de t’être laissée faire comme il le voulait, d’avoir tout accepter, te reprocher de l’avoir incité à t’ordonner de faire tout ça… te faire porter l’entière responsabilité de sa folie, laisser entendre qu’il ne pourrait jamais te le pardonner alors que c’était son envie à lui de le vivre, alors que tu lui avais proposé de juste lui raconter la scène, juste l’imaginer, ça… ça c’était de la perversion. Encore une façon de t’humilier, de te salir, de se décharger de ses pulsions sur toi, de se servir de toi, de te manipuler ». Elle a éclaté en sanglots comme une petite fille, je lui ai repris les mains et je l’ai aidée à se relever « Clarisse…. cesse donc de te tourmenter, remonte là haut, avec moi. Viens vivre. Renais, il est temps maintenant.»

Et je me suis réveillée, en nage, tremblante. Je pleurais vraiment.

Voilà ce qui me travaille depuis hier soir, j'ai enfin compris. C'est cette honte qui me hante. Celle dont je lui ai parlé hier soir, celle qui s'est raconté dans ce rêve, celle que j'éprouve au fond de moi et qu'il ne comprend pas. Car il ne la comprend pas, je le sais. Tout simplement parce qu'il n'a pas conscience de ce que je dis, quand je parle d'abandon. Peut-être n'est ce qu'une idée que je m'en fais, et qui me rend honteuse. Mais je vois bien que je parle souvent d'indécence. L'indécence est un terme qui s'associe volontiers à la honte. Serait-ce que j'ai des rêves indécents et que j'en éprouve de la honte.

Je sais que je peux me perdre pour lui, en lui, devenir transparente, ne plus exister, n'être plus rien que ce qu'il veut de moi et de cela j'ai honte.

Tout cela ressemble fort à ce que j'ai écrit dans ce journal sur la page précédente. C'est comme si je portais en moi un secret, lourd, qui me remplit de honte et me fait glisser, sans que j'y puisse grand chose, sinon de me sentir mal et d'en éprouver comme de l'horreur... de moi.
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Message  Clarisse Loumis Dim 17 Juil - 15:09

17ème jour du Septième mois, un village nain.

Tout est redevenu simple. Une vraie et longue conversation, sur ce qui me préoccupait, l'envie sincère de Michal que je retrouve joie de vivre et confiance, ma foi inébranlable en lui aussi, tout cela a fait que j'ai retrouvé l'envie de continuer comme avant et de laisser venir les choses sans m'en faire tout un problème. Je lui a dit sincèrement ce qui me préoccupait, ce qui me touchait, ce qui me faisait peur aussi, et de pouvoir en parler a anéanti toutes mes craintes.

Nous avons quitté Sombrivage et sommes repassés par Theramore pour voir les Sénéchaux, puisque Reese m'avait prévenue que "des gens" étaient venus se renseigner et voir la chambre de Cymbeline. En fait, cette pauvre Cymbeline a apparemment essayé d'affronter quelque chose, ou quelqu'un, qui était bien trop fort pour elle. Ils l'ont retrouvée dans le coma, étendue au fond d'une tombe, sur de la terre retournée. Une image horrible s'est installée dans mon cerveau tandis que le Sénéchal nous racontait la scène et mon coeur s'est étreint. J'ai dit que je trouvais qu'elle n'avait vraiment pas de chance et qu'elle ne méritait certainement pas tout ça.

Ensuite, le sénéchal nous a demandé pourquoi nous avions quitté Hurlevent et voyant que je discutais gentiment et riait même avec la tavernière, une certaine Lilian, il a cherché à savoir si nous ne serions pas intéressés par une sorte de partenariat. Nous l'avions un peu envisagé, avec Michal, trois semaines plus tôt, mais sans en parler à qui que ce soit, et de voir que la tavernière cherchait des associés nous a fait plaisir. Même nous ne voulons pas précipiter les choses. Pas question de se retrouver dans la même situation qu'à Hurlevent où tout cela avait fini par nous peser, même si nous avions des employés pour nous aider. Mais Michal parlait de refaire une carte, je crois que cela lui plairait bien.

Il faut dire aussi que l'on ne va pas pouvoir être en permanence sur les routes. Bientôt je ne pourrai plus voyager, il me faudra faire bien attention de ne pas précipiter l'accouchement, et puis, une fois le bébé là, il faudra tout de même bien que nous soyons installés quelque part. Et je ne nous vois pas nous installer dans la vieille ville près de l'auberge. On aurait pu reprendre notre petite maison de Baie du Butin, ou alors, trouver à s'installer en Kalimdor, peut-être en Uldum, c'est très agréable, mais je ne sais pas de quoi nous pourrions vivre. Alors Theramore n'est sans doute pas une mauvaise idée, auberge ou pas d'ailleurs. Après tout, j'y ai vécu de bons moments et ce n'est pas une ville inconnue pour moi.

Donc, on verra bien. Pour le moment, nous profitons l'un de l'autre comme jamais, et tout est de nouveau merveilleux. J'aimerai pouvoir dire à l'univers entier comme je suis heureuse parfois, c'est comme si ça débordait de moi. Je ne remercierai jamais assez le destin qui m'a poussée un jour à traverser la mer et à venir m'asseoir sur ce petit banc près de la Cathédrale...
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Message  Clarisse Loumis Lun 18 Juil - 18:53

18ème jour du Onzième mois, le village de nains.

Que se passe-t-il, que je ne comprends pas. Hier soir il n'allait pas bien, refusait de l'admettre tout d'abord, acceptant juste de laisser entendre que je lui manquais parfois trop, puis avouant qu'il se sentait vulnérable de l'avoir dit, et surtout ne voyant aucune solution à son mal être, comme s'il était obligé de souffrir de ce manque, ou alors de l'occulter en courant dans tous les sens, et s'en trouver épuisé à force de se fuir lui même.

Je me suis sentie démunie, il ne m'écoutait pas. J'essayais de réfléchir à une solution qui aurait pu compenser partiellement son mal-être, mais il ne voulait pas en entendre parler. Du coup, je me sentais idiote, ou à la traîne, ou j'en arrivais à me demander si, comme il a eu l'air de le croire parfois, j'étais moins en manque que lui, moins demandeuse en tout cas. Or c'est faux, je le sais pertinemment. Depuis que nous nous connaissons je n'ai eu de cesse d'exprimer ce que je ressentais, bien avant qu'il n'ait l'envie, lui, de s'exprimer sans peur là dessus. Et je n'ai pas cessé de lui montrer que j'étais prête à l'accompagner sur un chemin dont il n'ose même pas parler, que c'était mon chemin aussi.

C'est comme s'il ne voulait pas croire à ce que je dis, comme s'il ne voulait pas se débarrasser de cette oppression que je ressens en lui, de ce mal-être qui pourtant le rend profondément triste comme hier soir. Il se pense mauvais, au fond, je vois bien. Mauvais, misérable comme il dit, de se voir aussi dépendant, aussi incapable de surmonter calmement ce manque qui l'oppresse.

Pourtant, je suis sûre qu'il nous suffirait d'en parler pour trouver le moyen d'alléger sa peine, de faire baisser cette pression qui l'emporte et le fait s'évader ou, comme je le disais, couler très profondément en lui.

Cela me rappelle cette soirée à Baie du Butin où, ne comprenant pas ce qui se passait, je m'étais comportée d'une façon qui m'avait parue honteuse. Il s'agit bien de la même relation, c'est certain, et je vois bien que quelque chose s'immisce entre nous qui devrait être dit avant que cela ne devienne problématique. Il ne veut pas. Or sans lui, je ne peux rien faire, et cela me désole. J'aurais aimé en parler avec lui, mais je ne peux pas, j'ai l'impression qu'il me fuit. C'est idiot, je sais qu'il est occupé, mais j'ai peur que ce qu'il m'a dit hier soir le pousse à fuir mes questions.
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Message  Clarisse Loumis Ven 22 Juil - 21:02

21ème jour du Septième mois, en Austrivage.

J'avais oublié, mais pas lui. Sans me prévenir, Michal m'a emmenée dans un endroit spécial pour fêter notre date anniversaire, le 19, non loin de l'endroit où il m'avait fait sa demande, dans cette petite tente de camping, là où il avait imaginé revenir avec des amis, dans cette plaine d'Austrivage qui donne en descente sur un lac.

Nous avons retrouvé la tente, il a trouvé à posteriori son idée "minable", mais moi je me souvenais comme j'étais aux anges, lors de cette promenade et j'avais trouvé le lieu, le moment, ses phrases, sa bague.. en fait j'avais trouvé que tout était merveilleusement romantique et j'avais adoré.

Ensuite il m'a emmenée dans la grande maison au bord du lac et nous y sommes depuis lors, pour plusieurs jours de repos. Tout à l'heure je suis allée pêcher, le laissant se reposer et là c'est lui qui est sorti et j'attends qu'il me revienne en écrivant dans ce cahier. Depuis ce matin, je me sens tout à la fois pleinement heureuse et fébrile, comme s'il allait se passer quelque chose de très particulier dans les prochains jours, une sorte de confrontation avec nous mêmes, qui s'annonce forte et exaltante.

J'ai du mal à contenir mon excitation, et je trompe l'attente comme je peux.Je vais peut-être essayer d'écrire quelque petit conte fantasmatique, et si je m'en sens le courage, je le lui ferai lire.
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Message  Clarisse Loumis Mer 3 Aoû - 22:08

3ème jour du Huitième mois, au bord d'un lac en Austrivage.

Cette fois, nous savons, l'un et l'autre, de quoi nous sommes faits et ce qui nous lie. Un événement improbable et pourtant espéré a eu lieu et je n'ai pas encore trouvé les mots pour décrire ce que je ressens, sinon des mots de l'intime que je lui ai murmurés.

Tandis qu'il dort tranquille à mes côtés depuis une heure, je relis ce cahier, cherchant des signes dans mes écrits de ce que j'ai compris aujourd'hui, me disant que je devais probablement déjà pressentir, dès les premiers temps, le potentiel de cette rencontre. Et en effet, j'ai retrouvé un petit poème que j'avais écrit pour lui aux tous premiers moments de notre union.


3ème jour du deuxième mois, à Hurlevent

« Souviens toi de ce que je t’ai dit,
sur ces terres rouges des Maleterres.
Tu disais ne pas pouvoir taire
Que donner était le sel de ta vie.

Je me suis alors empressée de clamer
Que sans doute moi j’étais pire
Car donner pour moi c’était vivre
Et que pour cela sans doute j’étais née.

J’ai tellement à offrir, que tout ce que je ne donne pas, me consume.
Et même si tout ce que je donne s’éparpille comme des milliers de plumes.
La source, toujours inépuisable, est un feu qui me ronge, et même parfois m’éteint.
Pouvoir te donner, et être ainsi reçue, me fait vibrer et vivre, enfin ».

A relire ce texte, écrit alors que nous nous connaissions depuis un mois à peine, je me dis qu'il était prémonitoire.

Il disait avoir besoin de donner pour vivre, que cela l'inquiétait de ne pouvoir donner autant qu'il en ressentait le besoin.
Je lui avais répondu que me donner à lui me faisait vibrer et vivre.

Je croyais qu'il s'agissait du même don, et je me trompais. Ils étaient bien du même ordre, mais en miroir. Je n'avais pas idée de tout ce qu'il pouvait me donner pour m'atteindre. Je n'imaginais pas être capable de m'abandonner à lui ainsi pour le rejoindre.

Nous ne savions pas que le désir de don de l'un comblerait le désir d'abandon de l'autre, car nous ne savions pas comme nos deux désirs pouvaient être si complémentaires. Je n'imaginais pas, lorsque j'ai écrit ce petit poème sans prétention, combien je touchais du doigt ce qui nous unissait déjà. Et quand je relis ce cahier et que je retrouve ce par quoi nous sommes tous les deux passés, à cause d'incompréhensions mutuelles, parfois lourdes et douloureuses, je suis saisie d'effroi à posteriori, car nous avons sans doute plus d'une fois échappé au pire, mais je suis tout autant émue, de voir comme nous avons su avancer l'un vers l'autre malgré les écueils, et nous retrouver aujourd'hui face à face, amoureux et heureux.

J'ai dit quelque part dans ce cahier, après avoir compris que ma rencontre avec Nicky était sans doute préparatrice de celle avec Michal, qu'il n'y avait pas de hasard, que des évidences. J'en suis encore plus persuadée aujourd'hui. Quelqu'un, ou quelque chose, l'univers tout entier avait préparé cette rencontre depuis des années...


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Message  Clarisse Loumis Jeu 18 Aoû - 22:37

18ème jour du Huitième mois, au bord du lac.

Le temps passe doucement, nous continuons de nous apprendre et la vie est douce, à vivre à deux loin du monde.

Michal semblait bien plus apaisé depuis quelques jours, même si, de temps en temps, comme ce soir, il semble repris par un sentiment d'inquiétude ou de frénésie, comme s'il craignait que tout cela ne soit faux ou prenne fin sans prévenir. Il a tant à apprendre du calme de cette vie, grandir sans tous ses soucis, retrouver ce qu'il est vraiment, aller chercher en lui ce qu'il avait depuis trop longtemps enfoui et enfin pouvoir l'exprimer librement, sans systématiquement mettre en avant cette idée de lui qu'il traîne depuis trop longtemps, celle d'un insatiable, toujours à devoir se brider.

Je l'observe tandis qu'il bricole sa bécane en sifflotant et je vois bien qu'il a du mal à se penser autre que ce qu'il a toujours cru être. C'est une personne bonne, simple et tout simplement adorable, et trop de gens lui ont fait croire qu'il était surtout impulsif, exigeant ou incompétent.

Je lutte seule contre cette mauvaise image de lui, mais je l'aime et je sais que nous sommes sur notre chemin. Chaque jour nous apporte son lot de questions et de réponses, certaines questions ne trouvent pas réponses tout de suite mais je sais qu'elles viendront un jour et que nous allons vers une vie encore plus belle.

Malgré ses craintes, je me sens sereine, et c'est tant mieux, car il en a besoin. Le meilleur reste à venir, c'est certain.
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Message  Clarisse Loumis Mer 24 Aoû - 9:21

24ème jour du huitième mois, dans un village de nains, non loin de Hauterive.

Michal est épuisé, mais c'est une bonne chose. D'une part, parce que cela l'oblige à s'écouter, à retrouver une meilleure perception de lui même, sans tout ce qui a pu lui être dit de faux sur ce qu'il était, et d'autre part parce qu'il est bien plus serein, apaisé, fier de lui et porteur d'espoir pour demain. Il a su profiter de cette petite accalmie dans notre vie pour remettre pas mal de choses en ordre dans sa vie passée, celle où je n'avais que peu d'emprise et qui le poursuivait parfois jusque dans notre lit.

Nous avons toujours autant de plaisir à être simplement ensemble, et ce qui m'étonne le plus, et que je lui faisais remarquer avant hier soir, c'est que tout, quasiment toute la base de notre relation d'aujourd'hui, était présente dès nos premières nuits ensemble, dans le petit appartement qu'il m'avait trouvé, au dessus des fleuristes. Quand je repense à nos errements, à ce par quoi nous avons dû passer ensuite, toutes ces craintes, ces peurs, ces questions qui nous ont, l'un et l'autre, traversés, je ne peux m'empêcher de sourire et d'en être attendrie.

Alors, quand je vois que nous continuons de nous apprendre, quand je regarde tout ce que nous avons déjà appris en 8 mois, je me prends à rêver de ce qui nous attend pour les jours et les mois à venir. La vie a cela d'angoissant qu'elle ne dit pas tout de ce qu'elle nous réserve. Mais cette incertitude a aussi quelque chose de beau, de magique presque, ou de merveilleux.

Avant hier soir il me disait être heureux de voir que nous nous retrouvions enfin, lui et moi, et chacun en soi même. C'est tout à fait ça, moi aussi je me sens apaisée, le fait de voir cette incertitude comme merveilleuse le prouve. Je redeviens confiante en la vie, et cela faisait longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Même si, au moins une chose est certaine, dans moins de deux mois nous ne serons plus deux, mais trois. Peut-être cela changera-t-il notre vie, et notre relation, bien plus que je ne l'imagine aujourd'hui..
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Message  Clarisse Loumis Ven 26 Aoû - 10:18

26ème jour du huitième mois, toujours dans le village de nains.

Je ne sais pas, finalement, si l'épuisement de Michal est une bonne chose. Il ne sait pas se réguler, ne sait pas se ménager, et il me fait peur. Hier soir il se demandait s'il devait "se calmer", mais il ne parlait pas du tout de cesser de se pousser à bout lui même, malheureusement, plutôt d'une peur de trop m'en demander, comme s'il avait peur de m'épuiser.

*un petit gribouillis trahissant la réflexion de Clarisse*

Je me demande si ce n'est pas une demande indirecte que je l'aide à trouver un nouvel équilibre. Lui dire qu'il m'épuise le forcerait peut-être à se ménager. Mais lui dire cela serait mentir car je suis à lui, quoi qu'il fasse ou dise, et je ne saurais pas l'empêcher de prendre ce qu'il a envie de prendre, au moment où l'envie lui prend. J'ai bien vu hier, lorsqu'il m'a réveillée en me faisant l'amour. Il m'a privée de sommeil, c'est vrai, mais m'a offert bien mieux... et j'ai pu dormir plus tard. Alors pourquoi m'en plaindrais-je ? celui qui s'en est trouvé épuisé, ce n'est pas moi, mais lui, car il n' a pas su, ensuite, reprendre des forces.

Est ce que ce serait lui mentir que de l'obliger à se raisonner ? je ne sais pas... Après tout, dans cette histoire de gamin dans le magasin de bonbons, il me parlait de limites, de sa peur de ne pas en avoir, de sa demande qu'on lui définisse le terrain de ce qu'il peut espérer obtenir ou pas. J'aimerais tellement mieux que l'on réussisse à trouver ensemble la solution. Je vois bien qu'il se croit incapable d'être "raisonnable", et je sais qu'il a tort, c'est une image de lui qui lui colle à la peau, mais ce n'est pas lui, ou du moins, ce n'est plus lui. Comme si cette image lui avait été utile à un moment pour se définir, dans sa différence, mais ce n'est pas vraiment lui, c'est un autre, j'en suis persuadée. Je l'observe être et je sens que le vrai Michal est celui qui est calme, doux et attentionné, simplement protecteur et désireux de donner, peut-être un peu insatiable en amour, mais par goût de vibrer au diapason du monde, peut-être parce que c'est là qu'il a pu se trouver. Il n'est de toute évidence pas le Michal impulsif ou même méchant qu'il me dit avoir été, celui là n'était que jeunesse et quête de soi, rugissement de rage d'un enfant perdu, colère et jalousie d'un être incompris.

Je dois l'aider, afin que la sérénité qu'il trouve dans l'amour lui vienne aussi à côté. Mais comment faire s'il ne veut pas, lui, m'aider...
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Message  Clarisse Loumis Ven 2 Sep - 9:38

2ème jour du 9ème mois, village de nains.

Nous allons bientôt rentrer, nous en avons pris la décision hier, mais sans réussir à nous mettre d'accord sur ce que nous allions faire. Je vois bien qu'il a envie de renouer avec d'anciens amis, ce que je comprends, mais je sais aussi que moi je n'en ai pas, ou si peu, d'amis, et cela m'inquiète donc un peu sur ce que je vais pouvoir vivre, sans lui à mes côtés comme j'en ai pris l'habitude.

Il parle aussi de trouver un nouveau travail en ville, sans moi donc, puisque j'aurai à m'occuper du bébé, mais moi je me serais bien vue tenir une auberge, même loin, et il ne semble plus vouloir de ça, comme s'il avait épuisé le plaisir de ce métier de tavernier. Je sais bien que cela était devenu invivable de devoir gérer tous les abrutis qui se présentaient parfois chez nous en ville, mais je pensais qu'ailleurs nous aurions pu trouver de quoi nous occuper gentiment.

Je ne sais pas ce qui se passe, peut-être l'arrivée du bébé nous perturbe-t-elle bien plus que je ne l'imaginais, peut-être que Michal a peur de perdre l'importance qu'il avait pour moi, d'ailleurs, il m'a dit une chose comme celle là, "j'ai peur que tu n'aies plus assez de temps pour moi", ce qui expliquerait qu'il cherche à se trouver une occupation sans moi. Mais moi je ne peux pas envisager d'être loin de lui, il me le faut là, près de moi, sans cesse, même occupé à autre chose, bricoler ou rêvasser, mais non loin de moi, à portée de voix ou de regard.

S'il est dans mes pensées du matin au soir et du soir au matin, où que j'aille et quoi que je fasse, je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée qu'il puisse vivre loin de moi. Il fait partie de moi désormais, lorsqu'il n'est pas près de moi, c'est une partie de moi qui me manque. D'ailleurs il m'a laissé entendre que, lui aussi, même quand il me quitte pour aller faire des courses à moto, il ne cesse de penser à moi et ne voit même pas le monde tel qu'il est, tellement il reste dans mes bras en pensées.

Il nous faut absolument trouver comment vivre ensemble cette nouvelle vie qui se met en place. Certaines choses ont changé, nous devons nous y adapter, mais d'autres sont immuables, et cela, nous devons le préserver, ensemble.
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