Le Vieil Alambic
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Journal de Clarisse.

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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 13:45

4ème jour du premier mois de l’année 31, à Hurlevent.

Un nouveau carnet, pour une nouvelle vie. De toute façon, les autres sont restés au domaine et doivent être brulés maintenant. Mais si j’ai acheté le carnet sans crainte, maintenant j’ai peur qu’il soit trouvé et je vais prendre garde de le cacher, quelque part dans un coin, enveloppé d’une trousse de tissu pour qu’il ne soit pas repérable. Je chercherais peut-être même un moyen de le rendre inviolable, moyen magique ou autre, ce serait peut-être mieux.

Ce genre de carnet est toujours un peu intime et n’est pas destiné à être lu ou montré, juste relu de temps à autre, pour se rendre compte du chemin parcouru. Mais là, c’est encore plus important qu’il ne soit pas lu, car si je raconte ici ma vie, je mettrai celle des autres en danger, surtout la sienne, et ça c’est hors de question.

Hier j’ai répondu à Nicky, mais pas aux trois autres. Et j’ai bien fait car j’ai appris ce matin qu’il me cherchait, ou tout du moins qu’il cherchait à savoir comment j’allais. Mais je ne me dévoilerai pas, je sais ce qui va se passer, si je lui fait parvenir ne serait qu’un petit mot, il se remettra en chasse et me traquera. Il est malin, il finira par me retrouver, il jouera les innocents et cherchera à me refaire plonger.

Est ce que je cèderai, s’il me retrouve ? Je pense que non. Plus maintenant. Sans doute que oui, il y a encore 3 ou 4 jours, je suis trop bête, trop gentille, j’ai trop besoin de croire en l’autre … ou j’ai simplement trop besoin d’aimer. Mais là, d’autres fils de sa toile se sont déchirés hier soir et je n’ai pas envie de gâcher ça. Il y a en d’autres encore, bien sûr, j’en suis parfaitement consciente. Si cela n’était pas le cas, je répondrai sans peur à ses questionnements, je lui dirai même où je me terre. Mais l’idée que je puisse croiser de nouveau son chemin me vrille l’estomac à me donner la chair de poule. C’est le signe que je ne suis pas guérie de lui, pas complètement. Et je dois me méfier, de moi.

Pas guérie de lui ? Vraiment ? Est ce bien ça ?

Non… je sais ce qu’il est, c’est très clair dans ma tête. Alors ? Peut-être que je ne suis pas guérie de cette relation d’amour là, folle et passionnelle. Pas guérie des tourments qu’elle a engendrés, douleur exquise de l’attente et plaisir de la découverte de rivages interdits. Pas guérie de ce que je lui ai donné, d’avoir été à lui, de m’être perdue pour lui, et de m’y être trouvée, différente, d’une certaine façon. Au moins devrais-je un jour le remercier, il m’a révélée à moi-même. Mais à quel prix. Voilà de quoi je dois me méfier, de mon désir d’aimer, de cette envie que j’ai de tout vouloir partager avec un autre, et un seul, plutôt que d’aller mon petit bonhomme de chemin au gré de mes envies, sans me lier, et me perdre avec délice dans cet autre, pour lui, et avec lui. C’est peut-être impossible.

Pourtant… il y a eu Nicky. Mais avec Nicky, c’était doux, tendre et sincère, cela aurait pu durer toute la vie. Là, c’était différent, violent, passionnel, forcément éphémère. Alors, l’un ou l’autre ? Pourquoi pas les deux, mais sans la manipulation, le mensonge, ce besoin de faire souffrir, tout ce côté malsain qu'il a dévoilé peu à peu. J’aurais dû m’en tenir à mes premières intuitions, il n'a jamais tenu sa promesse de sincérité, il a toujours menti, à moi mais surtout à lui même. Peut-être avais je justement besoin d’en passer par là, pour comprendre ma bêtise, avec Nicky.

Donc hier. Hier je suis allée avec Michal voir une dame aux Marches de l’Ouest, une amie à lui. Et j’ai partagé la soupe populaire avec des miséreux qui n’avaient plus que la peau sur les os et le regard vide de ceux qui n’ont plus aucune raison de vivre. Et j’ai vu ce que les Gardes du Roy faisaient à ces gens en les empêchant d’entrer dans le Fort. Ce sont de simples mendiants et ils les poussent à devenir des escrocs, des voleurs, pour survivre. Hier j’ai pris conscience de la chance que j’avais d’être née là où je suis née.

Michal veut les aider, il a un plan, il m’a expliqué tout ça dans le village de Ruisselune. Il me fait confiance et rien que pour cela je sais que je ne partirais plus. En rentrant, il s’est moqué de lui-même car il se trouve bien naïf de croire qu’il pourrait à lui seul révolutionner le monde. Moi j’ai juste dit qu’il n’était plus seul, puisque j’étais d’accord pour le suivre, et qu’il avait déjà réussi à révolutionner le mien, de monde, alors pourquoi pas celui de ces gens.

Après ça, nous sommes allés boire un bourbon, soit disant qu’on l’avait bien mérité. Et je ne sais plus pourquoi, mais je lui ai proposé que l’on signe un pacte, ou tout comme. Je me suis coupé le poignet et lui ai demandé de faire la même chose. Il a méchamment piqué son pouce, je l’ai posé sur mon poignet, et j’ai mélangé son sang au mien. C’est idiot, enfantin même, et je suis étonnée d’y avoir pensé, mais cela m’a semblé évident sur le moment. Comme une promesse.


Dernière édition par Clarisse Loumis le Mar 8 Mar - 9:04, édité 1 fois
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 13:46

5ème jour du premier mois de l’année 31, à Hurlevent.

Il paraît que je suis en danger, du fait de le connaître, et de. Mais moi, cela m’est totalement égal. Je me sens merveilleusement bien, et j’ai de nouveau confiance en la vie.

L’autre jour j’ai dit, peut-être quand on jouait avec Lou et Billy, je ne sais plus, j’ai dit que pour moi le bonheur était un horizon à atteindre. C’est faux. Le bonheur est quand on marche sur cette route qui relie deux personnes. Au début les deux personnes sont éloignées l’une de l’autre, puis elles se rapprochent, et ensuite elles marchent côte à côte, sur une autre route. Je l’avais oublié. Ca m’est revenu hier soir, sur ce rocher, au port. Et c’est une sensation délicieuse, tout simplement délicieuse.

Comment ai-je pu oublier ça… J’y ai longuement réfléchi hier soir, après qu’il m’ait ramenée, et je me dis qu’il faut peut-être en passer par certaines épreuves, pour comprendre, et prendre la mesure de ce que l’on a perdu, pour mieux goûter à cette simplicité, quand on la chance de la retrouver.

Je ne me féliciterai jamais assez d’avoir eu cette idée de repartir de zéro. Maintenant, il va me falloir gérer le passé, au mieux, avec le strict minimum d’implication, et surtout sans le faire souffrir, sans abîmer cette confiance qui nous lie déjà. C’est aujourd’hui la seule chose qui compte, même si je ne peux tout effacer d’un coup.

A moins que… et si je gommais vraiment tout, tout ce que j’ai fait avant, que se passerait-il ?
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 13:47

6ème jour du premier mois de l’année 31, à Hurlevent.


Ce matin je me suis réveillée, le haut de mon corps dans mes bras, comme si j’étais dans les bras d’un autre, et j’étais bien, avec l’envie d’être dans les siens, juste comme ça.

Alors j’ai repensé à hier soir, cette histoire de lien, d’autre chose, d’un autre quelqu’un, puis j’ai repensé à cet homme qui me fait si peur, parce qu’il ravive des souvenirs d’horreur, et enfin cette phrase qui me trotte dans la tête depuis hier « Et si je gommais toute trace du passé, vraiment toute ».

Et là, tandis que je me remémorais cette sensation simple et douce de sentir son menton au creux de mon épaule, de sentir son souffle, de l’entendre me murmurer qu’il est bien, là avec moi, cela m’a tout à coup paru évident.

Il est, à mon sens, plus difficile d’oublier que d’apprendre, d’effacer que de créer. Ce n’est donc pas que je dois gommer, probablement que je n’y arriverai pas. Je vois bien que d’être avec lui me fait revenir en tête des souvenirs plus anciens, et je croyais que je devais m’appliquer à tenter de les raviver pour qu’ils effacent les plus récents. Mais cela ne marchera pas, ne suffira pas. Il l’a d’ailleurs étonnamment deviné hier, en me disant que « ça ne passera pas comme ça ».

Non, en fait je dois m’en créer d’autres, non pas des souvenirs, mais des images, des sensations, des sentiments, des rêves, qui deviendront des souvenirs, d’un jour à l’autre, souvenirs qui viendront hanter mes nuits et mes jours, et remplacer tous les autres, comme par écrasement. Les autres seront bien toujours là, mais peu à peu recouverts par les plus récents, ceux d’aujourd’hui, ceux de demain.

Je ne dois pas attendre d’être prête, je ne le serai peut-être jamais de cette façon-là, je dois vouloir être prête, vouloir être différente, vouloir être cette nouvelle Clarisse, vouloir l’aimer, et ainsi me découvrir.

Alors oui, je dois sans doute rompre définitivement avec mon passé, l’assumer, et plonger dans cette nouvelle vie, sans retenue.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 13:53

7ème jour du premier mois de l’année 31, à Hurlevent.

Il vient de se passer quelque chose que je ne comprends pas. Je viens de pleurer, pendant près d’une heure, comme une enfant, juste à cause d’un petit mot, et d’un rêve.

Hier, j’ai senti comme une porte qui s’ouvrait en moi. Une porte que j’avais moi même condamnée, mais s’en m’en apercevoir. Je savais qu’il y avait cette pièce, tout au fond de moi, et je pensais qu’elle m’était accessible, je crois même que je la pensais entrouverte. Eteinte, dans l’ombre, mais facilement ouvrable pour peu que je le décide.

En fait, je me trompais. Je l’avais condamnée et c’est lui qui l’a ouverte, ou peut-être est-ce nous, tous les deux ensemble, lui de sa présence, et moi de mon abandon.

Et d’avoir ouvert cette porte, sans même m’en être aperçue sur le moment, sinon que quelque chose avait cédé, a entrainé plusieurs petits événements qui se sont succédés. D’abord, le sentiment qu’une lumière venait d’apparaître tout au fond de mon cœur, dans cette petite pièce assombrie qui s’illuminait tout à coup. Puis, une évidence, une page tournée, voire même un autre livre à lire, ou à écrire. Ensuite, cette douceur nouvelle, simple et chaleureuse, presque enfantine, d’un partage à découvrir. Et enfin, ce rêve, un jeu de cache cache comme celui des enfants qui jouent à se faire peur en se croyant perdus, puis retrouvés.

Et ce matin, ce mot. « Parfois le choix s’impose de lui même ». Et moi qui en pleure, de joie ou de crainte dissipée, comme une enfant, comme dans mon rêve.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:16


9ème jour du premier mois de l’année 31, à Hurlevent.

Je suis debout depuis tôt ce matin et je n’ai cessé de m’activer.

Hier soir j’ai reçu une lettre de Maxence, il ne me dit pas comment il a su me retrouver mais je pense que c’est Nicky qui lui aura donné une piste. Il me demande de donner des indications pour le domaine, les affaires en cours, l’organisation de nos gens. Père étant mort, j’aurais dû me douter que je ne pourrai partir sans que rien ni personne ne se rappelle à moi concernant tout ça. Je croyais n’avoir à gérer que mes chers prétendants, Baron, Comte et compagnie, mais j’avais oublié l’essentiel, mon devoir, le « devoir qui sied à ma charge » comme on dit. Heureusement, je sais pouvoir compter sur Maxence, il sait pourquoi je suis partie, il n’aura rien dit à personne, il veut juste savoir comment gérer mon absence, peut-être s’assurer de garder le contact, se rassurer sur le fait que je n’ai pas disparu complètement de la surface d’Azeroth sans même le prévenir, ce que j’ai pourtant fait.

Je suis allée ce matin acheter diverses choses que j’ai envoyées là bas. J’ai posté le paquet tout à l’heure, il fera la distribution, juste histoire de leur montrer à tous que, malgré mon départ, je ne les pas oubliés. De là à imaginer que je reviendrai… c’est possible qu’ils le pensent. Est ce que j’y retournerai ? Pas tant que l’autre fou sera là.

J’ai raconté des bêtises, un accident de moto, qui me cloue au lit à l’Hôpital pour plusieurs semaines. Avec ça je suppose que Maxence va vouloir venir me voir, mais comme il risque d’être trop pris par les affaires en cours, il en exprimera le souhait et ça n’ira pas plus loin. Enfin j’espère. Si ce n’est pas le cas je verrai. Je devrais peut-être essayer d’organiser certaines affaires pour lui par courrier, nommer quelqu’un pour l’assister, ou du moins lui indiquer sur qui il peut compter, il n’a pas dû pouvoir faire le tour de tous depuis mon départ.

Sinon, cette nuit, j’ai fait un bien curieux rêve. Nous étions tous les deux au bord de ce gouffre, avec ce tourbillon en contrebas, et je répondais à sa question « Et tu penses qu’il y a quoi derrière ? ». « Un autre monde ». « Et si tu y tombais, tu en aurais peur ? ». « Non… et puis de toute façon, tu serais là, donc tout irait bien ».

Il souriait, sa main posée à plat sur ma cuisse. Je le regardais dans les yeux et tout à coup je suis tombée. Mais pas dans le gouffre. C’est dans son regard que je tombais, la tête la première, comme dans un long puits sans fond, je m’enfonçais, je plongeais, je nageais, cela devenait bleu profond, puis de plus en plus sombre, et enfin noir. J’étais dans le noir, j’aurais dû avoir peur mais je savais que j’étais tombée en lui, dans son âme ou… son cœur, j’attendais, je n’avais pas peur.

Je ne voyais plus rien, puis peu à peu j’ai vu une femme, nue, à terre, elle semblait blessée, recroquevillée contre le mur, je me suis approchée, elle a relevé la tête et ….. c’était moi. Moi qui pleurais, le visage ravagé de larmes, j’avais honte et je demandais pardon.

Je me suis baissée, et j’ai posé ma main sur sa joue, enfin la mienne, doucement et j’ai dit « Ce n’est pas toi qui a fais ça, Clarisse, c’est lui. » Mon autre moi a secoué la tête, vraiment triste et honteuse, et a dit « Non, tu sais très bien que non, je le voulais aussi, c’est moi qui ai trouvé l’inconnu, qui l’ai choisi, qui l’ai invité à venir». Alors je me suis assise, je lui ai pris les mains, et j’ai embrassé son front, très doucement. « Tu sais très bien que ce n’est pas ça qui te coûte Clarisse ». Elle m’a regardée, m’incitant à continuer, en silence. J’ai effacé les larmes sur ses joues et j’ai dit. «Le faire pouvait être … une expérience à tenter, un jeu à deux. Et rappelle-toi… c’est ce que tu as pensé sur le coup ». Elle a hoché la tête en reniflant un peu. « Mais ensuite… te reprocher de l’avoir tenté, de t’être laissée faire comme il le voulait, d’avoir tout accepter, te reprocher de l’avoir incité à t’ordonner de faire tout ça… te faire porter l’entière responsabilité de sa folie, laisser entendre qu’il ne pourrait jamais te le pardonner alors que c’était son envie à lui de le vivre, alors que tu lui avais proposé de juste lui raconter la scène, juste l’imaginer, ça… ça c’était de la perversion. Encore une façon de t’humilier, de te salir, de se décharger de ses pulsions sur toi, de se servir de toi, de te manipuler ». Elle a éclaté en sanglots comme une petite fille, je lui ai repris les mains et je l’ai aidée à se relever « Clarisse…. cesse donc de te tourmenter, remonte là haut, avec moi. Viens vivre. Renais, il est temps maintenant.»

Et je me suis réveillée, en nage, tremblante. Je pleurais vraiment.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:23



10ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Thelsamar

Tout s’éclaire. C’est curieux comme la vie parfois prend un drôle de tour. Tout se mettait en place et je ne le savais pas. Je comprends aujourd’hui que c’est ce que j’ai toujours attendu, toujours cherché, toujours espéré, mais sans le savoir.

Je l’avais déjà trouvé avec Nicky, mais en partie. Et je comprends seulement aujourd’hui que nous sommes allés au bout de ce qui était possible entre nous deux, tout simplement. Il ne pouvait y avoir d’autre issue que celle là, qu’il aille sur son propre chemin, dans son monde, avec une autre. Je sais qu’il est heureux avec cette femme dont je ne connais que l’image, je le lis dans ses mots, ceux qu’il me dit et ceux qu’il me tait, par pudeur, et peur de me faire mal, encore.

Je vais pouvoir lui dire qu’il n’a plus à craindre de me faire du mal en me parlant d’elle, s’il le souhaite. C’est étrange, je me sentais coupable de vouloir revivre quelque chose d’autre, mais je comprends à présent que si j’ai continué à vivre sans lui dans ce monde qui ne l’intéressait plus, c’était aussi pour le laisser trouver sa voie, loin de moi, pour m’éloigner de ce que nous ne pourrions pas vivre, même s’il voulait y croire, ou peut-être juste tenter de trouver avec un autre ce qui n’était plus possible avec lui. Et je me suis perdue à vouloir trouver l’impossible, à vouloir retrouver ce qui m’avait sauvée. Je me suis cloîtrée moi même au fond d'une cave très sombre.

Aujourd’hui, je me demande si ce n’était justement pas pour mieux goûter un nouveau possible. Peut-être n’aurais je pas su le voir, ce possible, peut-être serais-je passée à côté, trop préoccupée de retrouver une sensation connue, sans voir qu’il y en avait une autre, plus rare, si rare que je ne pensais pas pouvoir la trouver là, si improbable que je n’y songeais même pas, si particulière que je n’aurais pas été prête. Oui, en fait, c’est cela. Je n’étais pas prête pour ce qui advient aujourd’hui, pas prête pour accepter une telle force, une telle ampleur, que je pressens, pas prête pour la vivre ainsi. Je ne peux donc que remercier la vie de m’avoir malmenée tous ces derniers mois pour m’amener jusque là. Il ne pouvait en être autrement.

Sinon, heureusement que les choses s’éclaircissent en moi, car les courriers affluent, réclamant une réponse, un signe, un retour, quelque chose. Je devrais être contente de voir que je manque suffisamment pour que l’on cherche à me retrouver, par tous les moyens, mais en fait cela m’attriste et me met mal. Cela me désole de les voir ainsi m’espérer, exprimant leur manque de moi, chacun à sa façon, directe ou indirecte, claire ou détournée. Mais je ne dois pas céder à la tentation de me dévoiler, même un peu, il est hors de question que je mette en danger ce qui advient, c’est devenu beaucoup trop précieux.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:24



12ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Hurlevent.

J’étais à travailler, et j’aurais dû y rester car je commence à accumuler le retard, mais j’avais trop besoin de prendre quelques minutes pour poser certaines choses.

Quelque chose a cédé, cette nuit. Une porte s’est ouverte, en moi, mais pas sur moi, pas sur mon intérieur, mon cœur, pas sur cette cave que j’ai vue dans mon rêve. Non, elle s’est ouverte sur autre chose, sur un ailleurs, ou… un autre plan. J’ai essayé de trouver les mots pour le définir, ce plan, ce matin, et ce n’est vraiment pas simple.

C’est là et on ne le voit pas. C’est en nous et nous sommes en lui. C’est ce qui nous anime, nous rend vivants, nous relie tous, par delà les océans et les années, les mondes et les ères. J’imagine que certains diraient que c’est la Lumière, mais ce serait très réducteur, car dans cette idée de Lumière nous n’avons pas notre place, c’est vécu comme extérieur, comme immanent. Pour moi, si c’était le mot Lumière que je devais prendre alors je dirais que nous sommes cette Lumière, et qu’elle est constituée de milliards de particules de vie, passée, présente et à venir, des étincelles d’énergie pure, des poussières d’âmes qui forment une sorte de transcendance.

Enfin, je me vois mal essayer d’expliquer ça en ville, je passerais pour une folle ou une illuminée. Pourtant c’est là, je le sais, j’y suis allée, hier soir. Et je suis passée par une porte, qu’il est le seul à pouvoir ouvrir pour moi, ou que je ne peux ouvrir que pour lui, ce qui revient un peu au même, et c’est la porte de l’ange.

Ce qui est étrange c’est que je l’ai ouverte là, comme ça, comme une évidence. Elle était là, et je ne l’avais pas vue. Je connaissais ce plan, un peu, mais je l’avais oublié. Ou j’avais voulu l’oublier, sans doute parce qu’il me semblait désormais inaccessible.

Je m’en suis souvenu ce matin. J’y suis allée 4 ou 5 fois, guère plus, mais je connaissais ce plan. Trois fois seule, sans le vouloir, cela m’est tombé dessus, comme ça, sans doute parce que je lisais tous ces livres sur la transcendance, il y a quelques temps. Je devais être très réceptive. Je me souviens maintenant très bien de l’immensité fracassante ressentie à ce moment là, assise seule à mon bureau. Et puis, plus tard, une, ou peut-être deux fois avec Nicky, mais rien à voir, c’est lui qui s’envolait au son de ma voix, lui qui savait regarder les cailloux grandir, lui qui me montrait le chemin, lui qui vibrait en ma présence, de me savoir là, avec lui. Moi j’avais envie de le suivre, mais je ne prenais pas le bon chemin, j’étais trop attentive à ce qui se passait, je n’étais pas prête à lâcher prise comme hier soir, alors je n’ai fait qu’effleurer ce plan, même si déjà cela m’avait paru merveilleux. D’ailleurs, je n’avais même pas compris que c’était le même plan.

C’était une petite lucarne qui m’avait juste montré un possible, mais ce n’était pas la porte de l’ange, celle qui a ouvert cet autre monde. Le plus fou c’est que maintenant je sais qu’elle est là et que … je la sens. Elle vibre en moi, elle m’appelle, et moi je suis là à essayer de ne pas l’écouter, pour me remettre au travail. Et c’est tellement difficile que j’en suis à devoir venir écrire dans ce cahier pour me redonner l’élan nécessaire.

Mais là, ça va mieux. Ecrire tout cela m’apaise. J’y retourne.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:25


12ème nuit du Premier Mois de l’année 31, à Hurlevent.


Le matin n'est toujours pas là et je tourne en rond depuis tout à l’heure. Moi qui étais fatiguée, qui avait envie de m’endormir dans ses bras, puis de m’y abandonner, même d’ouvrir de nouveau cette porte, je suis plantée là sans savoir que faire.

Pourquoi ? Une sensation stupide que tout est faux, ou que je me suis trompée plutôt. Pas trompée sur lui, mais trompée sur ce que je ressens de lui, je ne sais pas, je ne sais plus. Cette conversation hallucinante sur les « plans cul » et il s’envole avec un clin d’œil, me demandant même de lui faire un « plus joli sourire ». Comme si j’étais une de ses conquêtes parmi les autres, ou comme les autres, celles d’avant.

Je suis perdue, l’impression d’être revenue trois mois en arrière, lorsqu’il me plantait de la même façon pour, lui, aller se taper une fille dans une taverne. Je suis sûre que ce n’est pas le cas aujourd’hui même si son départ a tout de même été plus que curieux et rien moins que précipité, vu que nous en étions à parler d’un moment intime, que je venais de lui signifier que ce n’était pas si simple de demander, pour moi et que je croyais vraiment que nous allions l’avoir là, ce moment intime.

Il a répondu à son com’, n’a rien dit d’autre que « faut que j’y aille, on se verra demain, tu auras ton massage, promis » et il est parti comme un voleur, ce qui l’appelait étant de toute évidence beaucoup plus urgent que ce qui se passait avec moi. Ca m’a assommée. Je dois lui dire et redire que j’ai envie de lui et il me plante là, comme…. Comme je ne sais pas quoi d’ailleurs, comme une simple amie qu’il est désolé de devoir laisser en plan. Je dois être vraiment décalée, car j’avais l’impression qu’il y avait autre chose qu’un vague « plan cul » justement.

Du coup, je pars quelques jours. J’ai besoin de réfléchir, je repars là bas, je ne sais pas si j’irai les voir tous, surtout lui qui en est à m’envoyer des messages tous les jours maintenant, se plaignant d’être seul et d’avoir tout fait rater, comme s’il espérait que je lui tende de nouveau la main, mais je ne peux rester là à me comporter comme une pauvre idiote qui attend que la magie opère de nouveau. D’ailleurs, je ne suis pas sûre que j’aurais dû lui dire ce qui s’était passé, je me suis mise à nu comme jamais et j’ai sans doute eu tort. Enfin, pas de m’envoler dans ses bras, cela m’a échappé, mais de le lui expliquer, car là, je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable, aussi désarçonnée. Ou alors si, mais c’était il y déjà près de trois ans.

Je pourrais peut-être aller trouver Nicky pour lui en parler. Lui me connaît, il trouvera peut-être les mots pour me rassurer, ou me dire de tout laisser tomber, une bonne fois pour toutes.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:25



14ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Theramore.

Il est en train de payer la chambre et j’ai juste le temps d’écrire quelques mots.

Finalement je n’ai vu personne, pas eu envie, même pas Nicky. Ca vaut sans doute mieux, j’étais prête à en finir pour toujours, me retirer à jamais dans quelque monastère et vieillir là, dans une solitude apaisante. Nicky m’aurait sans doute incitée à le faire, en souvenir des jours anciens et pour cesser de me voir souffrir, pas avec l’idée de me pousser à vieillir seule, ce n’est pas son genre, mais au moins me dire d’attendre longtemps avant de remettre le nez dehors ; il m’aurait aussi emmenée avec lui dans ses voyages au loin, probablement, histoire de m’éloigner du monde et de ce besoin qui me ronge sans cesse, ce besoin de partage qui hante mes jours et mes nuits.

Enfin, tout cela est passé, je repars avec lui et une nouvelle vie commence, j’en suis certaine. Nous avons tellement de choses en commun, malgré toutes nos différences, que c’en est comme magique. Hier soir il m’a avoué ses secrets et nous avons évoqué notre vie future, qui doit les prendre en compte. Tout un tas de projets, d’envies, d’idées qui vont remplir, non pas nos deux vies, mais notre vie, à tous les deux, ensemble.

Ensemble… L’autre jour j’ai lu un livre qui expliquait que nous avons, à chaque moment de notre vie, un mot, un seul, qui doit pouvoir définir ce qui nous anime, ce qui nous pousse à avancer, ce qui nous fait vibrer.

Ensemble… je pense que c’est le mot que j’appelle de tous mes vœux depuis toujours.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:26



17ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Hurlevent.


Que s’est-il passé, dans sa tête et dans la mienne, je ne saurais dire, mais quelque chose a cédé, et je veux croire que c’est pour notre bonheur à tous les deux.

Il y a encore eu incompréhension, de ma part, à cause de cette absence alors que je m’attendais à le voir venir. Puis des mots un peu durs, des reproches, ensuite des pleurs, encore, pour moi, comme toujours, je ne sais pas faire autrement, puis une réelle envie de part et d’autre d’essayer, et enfin, un nouveau rapprochement, plus simple, moins douloureux, peut-être aussi moins passionnel, mais peut-être gage de durabilité.

Et puis il a fini par lâcher ces mots si difficiles à dire, ceux qui normalement scellent deux âmes, j’ai bien vu que c’était de sa part une vraie douleur, un vrai risque qu’il prenait, une tentative de s’abandonner, lui qui a si peur de l’abandon, justement.

Pourtant je lui avais fait mal, sans le vouloir, en une seule phrase qui m’avait échappée. Et j’ai l’impression que cette phrase est encore un peu entre nous. Il a nié mais je suis certaine qu’il avait pris quelque chose qui lui donnait son air béat, hier soir. Comme s’il en avait eu besoin, pour traverser la journée en m’attendant.

Nous avançons doucement, tout doucement l’un vers l’autre. Il ne faut pas brusquer les choses, pas brusquer nos âmes. De voir Stanias clamer sa joie d’être un futur père (même si je doute qu’il puisse l’être réellement) m’a comme donné un coup au ventre, une sorte de jalousie, l’envie de pouvoir lui offrir cette joie là, devenir papa. Il le mérite. A savoir si je suis bien celle qui doit la lui offrir. L’avenir nous le dira, pour le moment nous avons déjà décidé de vivre ensemble, au vu et au su de tous, malgré ses craintes. C’est un bon début et cela m’enlève un vrai poids, je n’en pouvais plus de devoir faire semblant de n’être qu’une simple amie, comme toutes les autres.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:27


19ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Baie du Butin.

La nuit est toujours là, il dort encore, ce qui est rare, lui endormi et moi réveillée, mais je me suis juste levée pour écrire quelques mots ici, pour garder à jamais une trace de ce que je ressens là, maintenant, dans mon être. Il me semble que dans quelques mois, je serai heureuse de pouvoir relire ces mots, je sens que ce seront ces mots là qui me réconforteront quand j’aurai des moment de fatigue, de doute, ou de désarroi, si jamais cela devait arriver.

C’est d’avoir vu Stan aussi heureux d’annoncer sa paternité l’autre jour. Je n’ai cessé d’y penser, j’aurais voulu que ce soit lui qui saute de joie ainsi, même si je l’imagine mal le criant dans toute la ville. Mais de voir son visage empli de joie et d’amour pour cet enfant à venir, c’était ce que je désirais le plus au monde. Et cela m’a tout à coup sauté à la figure, et au ventre. Je voulais avoir un enfant avec lui, et cette envie de bébé que je disais vouloir ressentir, je l’ai ressentie et cela m’est alors devenu évident, je devais cesser de prendre cette potion qui empêche les enfants de se fabriquer dans le ventre des femmes.

Du coup, hier soir, tandis que nous venions de nous coucher, alors que j’étais fatiguée et que je pensais m’endormir assez vite, je le lui ai dit et… je crois que nous l’avons fait, ce bébé dont nous avions tous les deux le désir.

Je sais très bien qu’il y a une chance sur des milliers, que les choses ne se passent pas ainsi, que l’on ne peut pas ressentir l’instant de la conception, parce que cela tient de la magie de la vie, de cet équilibre qui se crée entre deux êtres, autour du désir d’enfant, et qu’il est normalement impossible à de simples êtres vivants de toucher à cette magie.

Mais moi je le sens, en moi, il est là. Je le sais. Il n’a que quelques heures, ce n’est rien que de la biologie en route, même pas visible, certainement pas perceptible mais c’est autre chose que je ressens, quelque chose d’invisible, de l’ordre de la vibration, de l’énergie. Des ondes ont commencé à émettre, en moi, c’est ce sonar dont je lui ai parlé. Nous en avions tellement envie tous les deux, tout à l’heure, qu’il est venu entre nous, en nous, à tous les deux, en même temps, au moment ultime, pour sceller à jamais nos deux âmes.

C’est ce nouveau début de notre histoire que je voulais noter à chaud, pour en garder la trace, tangible et vibrante. Je ne vais rien dire, de peur de lui donner de faux espoirs, et puis on ne sait pas ce qui peut arriver, mais je pense qu’il l’a sentie aussi, cette magie qui opérait.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:27



21ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Hurlevent.

Tout est allé si vite, je ne m’y attendais pas du tout et c’est peut-être ce qui rend ce moment encore plus beau, doux et intense.

C’est de lui avoir dit que d’accepter de faire un enfant, avant que d’avoir accepté l’idée du mariage, c’était un peu comme mettre la charrue avant les bœufs. Je lui avais dit cette petite maxime sans intention aucune, juste comme ça, pour lui faire comprendre qu’il risquait de se trouver papa avant d’avoir fini de s’imaginer époux et que cela m’inquiétait, moi, de le savoir comme obligé de m’épouser, la pire des choses que l’on puisse imaginer vivre dans une histoire d’amour.

Et il y a réfléchi tout seul ensuite, et il a pris sa décision lorsque nous sommes revenus de la baie, apparemment assez vite puisqu’il est allé en parler à Monsieur Khassim hier dans la mâtinée. Pendant que moi je sentais ce désir d’enfant qui s’installait, lui repensait à cette phrase toute bête dite sur un promontoire au dessus des cascades.

Et le voilà qui passe son après midi à me fabriquer cette merveilleuse bague, puis qui me demande de venir le rejoindre dans cette vallée en quête d’un coin pour faire du camping « avec les copains ». Et le voilà qui m’offre cette bague, tout embrouillé dans ses paroles. Et le voilà qui, alors que vraiment je ne m’y attendais pas du tout, me fait sa demande. A moi. Rien de d’y repenser, là, je me retrouve dans l’état où cela m’a mise hier. Les larmes aux yeux et mon cœur qui déborde de joie.

Ce qui m’amuse et m’attendrit c’est de voir comme il n’a pas su garder le secret alors que c’est ce que nous avions décidé. Ne rien dire, pour ne pas entraver mon travail d’infiltration, attendre de connaître la date, avant de l’annoncer, en reparler entre nous, avant d’en parler à d’autres… je le laisse une heure seul en ville et lorsque je reviens, tout le monde ou presque est au courant et nous félicite.

Comme j’ai aimé voir sa joie sur son visage, sa fierté aussi, puis cette petite phrase toute simple dite avant de s’endormir, « j’passé une journée x’tra et c’grâce à toi ». Jamais je n’aurais imaginé pouvoir ressentir cette quiétude en moi, et c’est grâce à lui.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:30


22ème jour du Premier Mois de l’année 31, à Thelsamar.


J’ai peur, de nouveau. Mais c’est une peur étrange. Peur de ne pas être à la hauteur. Mais de quoi ?

De ses espérances ? C’est idiot, il m’aime telle que je suis et ne semble pas avoir honte de me présenter comme la future Madame Loumis, bien au contraire. Et puis, mes origines, mon statut passé, mon infiltration récente au donjon, il est évident que cela peut lui, nous, apporter beaucoup et il a d’ailleurs su le signifier à Keleth hier soir.

Alors quoi ? C’est de les voir tous réagir dans cet antre mal famé, hier soir. Ils semblaient tous si à l’aise dans ce milieu, au milieu de ces nains, dans ce monde de secrets et de complots. Je me suis demandé ce que je faisais là, si j’y avais ma place, si j’étais bien « comme eux ».

Et puis cette façon de Teowan de se moquer du pantalon de Michal, comme s’il s’habillait mal, moins bien qu’avant, parce qu’il fait des efforts, et je suis certaine que ces efforts me sont en partie destinés, car il sait que j’y suis sensible. C’est d’ailleurs la première chose que je lui ai dite sur ce petit banc, je m’en souviens tout à coup maintenant. Je le trouvais « joli garçon ». Y penser me fait sourire, quel chemin parcouru en même pas un mois.

Me retrouver dans ce lieu sombre, mal famé, secret, avec eux tous, qui semblaient aussi à l’aise que moi au milieu de tous ces abrutis de nobliaux en quête de reconnaissance m’a fait douter que je sois à ma place.

Non pas d’être à ma place auprès de Michal, de cela je suis certaine comme 2 et 2 font 4, mais auprès de Teowan, et peut-être aussi de Kali, aussi durs et froids que Michal est tendre et chaleureux. Que fait-il avec eux… je crois que c’est la principale question que je me suis posée hier soir, et c’est pour cela que je lui ai dit qu’il n’était pas comme eux, même si jamais, jamais, je n’essayerai de changer quoi que ce soit dans sa vie, son travail, ses projets ou même sa vie personnelle.

Peut-être dois-je essayer de mieux comprendre de quoi est faite cette vie, justement. Il m’a redit que la cause était juste. Je le crois. Mais je me suis souvenue de sa question, un des premiers soirs où il me faisait découvrir ce qui se passait dans les marches de l’Ouest . La fin justifie-t-elle les moyens ?

Il me semblait que j’avais pris à mon compte cette acceptation, et c’est pour cela que j’ai moi même proposé d’infiltrer la Cour. Peut-être qu’hier soir j’ai découvert que ces moyens dont il me parlait pouvaient être autres, ou pouvaient m’amener à fréquenter de bien curieuses personnes, comme ces nains.

Et c’est cela qui m’a redonné peur. Peur de le voir sous un autre jour, un angle qui me plairait moins, ou que j’aurais du mal à accepter. Peur de n’être pas suffisamment affranchie de mon passé, d’être encore trop désireuse d’être loyale à mon monde d’origine.

*un petit gribouillis qui montre que Clarisse est restée un long moment à réfléchir, comme si d’avoir écrit les phrases précédentes lui avaient permis de mettre à jour autre chose. *

J’ai reçu des nouvelles du domaine et tout part à vau l’eau, sans compter toutes ces rumeurs sur mon départ, considéré comme la fuite d’une fautive… j’avais oublié cette lettre reçue de Maxence qui me raconte ce qui s’y passe et me demande si je compte revenir un jour. Je me rends compte que cela m’a chamboulée, hier. Bien plus que je ne croyais. Cela m’a happée en arrière, dans un passé que je croyais révolu.

Et le pire est que c’est moi qui suis allée le sonder, ce passé, en écrivant pour demander des nouvelles, au lieu de rester tout simplement cachée et anonyme. Pourquoi ai-je agi ainsi… de recevoir ces nouvelles m’a bouleversée en fait, je m’en rends compte à présent.

Toutes ces horreurs dites sur moi, mon départ, ma fuite… Je voulais en parler à Michal, voir avec lui si cela vaudrait la peine que j’y retourne juste le temps de remettre en place certaines vérités, je comptais lui demander ce qu’il en pensait, même si je sais d’avance qu’il me dira de faire comme je pense devoir faire, sans dire si cela le touche ou l’embête, sans que je puisse savoir précisément comment il perçoit tout cela. Et puis… j’ai oublié, trop contente de le revoir, trop désireuse d’être juste là, avec lui.

Mais cela m’a bouleversée suffisamment pour que je ne me sente pas à ma place, hier soir, avec eux. Et je saisis seulement maintenant que ce n’était pas ces nains stupides et ce lieu mal famé qui m’ont troublée. Mais bien cette question qui me hante de nouveau. Dois je y retourner pour régler ces affaires qui vont mal, même si je sais pertinemment que nul n’est irremplaçable et qu’ils se débrouilleront très bien sans moi, ou dois je disparaître à jamais, répondre à Maxence que plus jamais il n’entendra parler de moi, et laisser tout ce petit monde avec des idées fausses, et cette image désastreuse que toute cette histoire à donné de moi...

L’autre soir Oracio a dit que le mariage faisait perdre beaucoup. Il pensait à sa chère liberté d’homme volage, certainement. Mais moi j’ai rétorqué que j’allais perdre quelque chose d’important, sans préciser quoi, car je préfère le taire. Je pensais à mon titre. Je me trompais. Un titre n’est rien, à côté d’une réputation, d’une image qu’on laisse, d’un honneur, de son intégrité.

Fermer à jamais le livre du passé, c’est accepter de laisser ceux qui m’ont connue continuer de croire à tout ce qui a été dit sur moi, cette image qu’il a salie, déshonorée, pervertie, ces horreurs sur mes actes, ces vils mensonges colportés dans mon entourage . C’est accepter de perdre une partie de moi, à jamais. C’est loin d’être une simple perte.

*un nouveau petit gribouillis, effacé partiellement par de l’eau. Clarisse est de nouveau restée un moment à réfléchir, et sans doute, à pleurer un peu.*

Moi qui me croyais libérée du passé, je m’aperçois que non. Ce n’est sans doute pas si étonnant, on ne peut ainsi tout effacer de soi pour se dire neuve sans tenter de conserver des bribes, des regrets, peut-être même des remords.

Mais si je fais le décompte de ce que j’ai perdu, et de ce que j’ai déjà gagné, mais surtout de ce que je perds encore aujourd’hui et qui se révèle à moi par cette demande de nouvelles que j’ai faite de moi même, sans que personne ne vienne me chercher, et ce que je gagne en vivant à ses côtés, en grandissant avec lui, en m’élevant même, dans cette communion de deux esprits, alors je n’ai plus à hésiter.

Ce que je suis aujourd’hui, et serai demain, est la seule vérité. Peu importe ce que d’autres auront cru, pensé, imaginé de moi. S’ils le croient aujourd’hui, ceux qui m’ont côtoyée hier, malgré ce qu’ils auraient dû sentir de moi, c’est qu’ils n’ont rien compris de ce que j’étais, au fond.

A quoi bon vouloir rétablir une vérité qui n’intéresse que moi, et lui. Cette vérité là grandit entre nous de jour en jour, et c’est l’Essentiel qui est en train de s’écrire. Celui qui est derrière la petite porte, peut-être bien.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:31



3ème jour du deuxième mois, à Hurlevent

« Souviens toi de ce que je t’ai dit,
sur ces terres rouges des Maleterres.
Tu disais ne pas pouvoir taire
Que donner était le sel de ta vie.

Je me suis alors empressée de clamer
Que sans doute moi j’étais pire
Car donner pour moi c’était vivre
Et que pour cela sans doute j’étais née.

J’ai tellement à offrir, que tout ce que je ne donne pas, me consume.
Et même si tout ce que je donne s’éparpille comme des milliers de plumes.
La source, toujours inépuisable, est un feu qui me ronge, et même parfois m’éteint.
Pouvoir te donner, et être ainsi reçue, me fait vibrer et vivre, enfin ».
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:32



4ème jour du second mois, « chez nous ».

Nous avons dormi dans la petite maison, encore vide, mais juste meublée de ce magnifique et superbe lit, tellement grand que je me demande comment il a fait pour le faire monter et installer là. Je ne le lui ai pas demandé, préférant le laisser faire les choses comme il aime, sans toujours chercher à tout comprendre.

Et ce que je ne voulais dire, attendant d’être sûre, a fini par être découvert, et vérifié. Sa méthode toute « scientifique » pour s’assurer que l’espoir était là, en moi, me fait encore rire et vibrer, rien que d’y penser.

Il n’empêche, j’aimerais tout de même bien avoir l’assurance d’un médecin, je demanderai à Belle-Maman si elle en connaît une (comme ce mot me fait sourire à chaque fois que je le prononce). Michal m'a parlé d'un médecin homme, mais je ne suis pas certaine d'avoir envie de le laisser m'ausculter, avec ce qu'il m'a dit sur lui.

C’est troublant, qu’il ait choisi cette date du 19, pour le mariage, alors que c’est un autre 19 qui a scellé à jamais nos deux vies, et qu'on avait d'abord parlé de la fin du troisième mois de l'année, pour ne pas aller trop vite. Encore un signe, peut-être, qui sait.

J’ai encore pas mal de choses à organiser d’içi deux semaines, et lui aussi. C’est pour ça qu’il est parti plus tôt ce matin avec ce petit air triste que je n’aime pas lui voir, comme si sa vie s’arrêtait là où je ne peux l’accompagner. Ce qui, en un certain sens, est vrai, quand on y réfléchit. En tout cas, c’est ce que, moi, je ressens. Quand il n’est pas là, quelque part où je peux le joindre, rien ne m’intéresse vraiment, à peine si j’ai envie d’aller faire quelques courses, et encore moins d’aller traîner sur la place pour écouter les problèmes des uns ou des autres. Je me fais l’effet d’être devenue mono tâche, moi, mono tâche… un comble.

Il va falloir que je me trouve des activités pour les journées où il devra s’absenter, comme cette prochaine soirée où il doit aller enterrer sa vie de garçon avec les autres, ces autres dont les manières me heurtent tout de même un peu. Le savoir avec eux ne me remplit pas de joie, c’est le moins que l’on puisse dire. Quand je vois comment ils parlent aux femmes, comment ils parlent des femmes, tous ces « amis » avec qui il a fait les 400 coups, cela me fait peur.

Et me ramène en tête cette pensée qui ne me lâche pas : et s’il finissait par regretter ce temps de liberté, de bêtises et d’adrénaline, cette vie qui a été la sienne et qu'il a appréciée, de toute évidence. Si la nostalgie de ce temps là le reprenait, s'il se mettait à vouloir suivre ses anciens amis, refaire les 400 coups avec eux, repartir sur les routes, que sais-je encore... comment je réagirais ? Probablement que je m’adapterais. Comment.. ça je n’en ai aucune idée.

Ce qui me fait repenser à cette conversation avec Belle-Maman. Curieuse histoire que la sienne, tout à la fois si belle, et si décevante. Comme si, pour l'un et pour l'autre, l'attente de la vie n'était pas la même, alors que tout semblait devoir les lier à jamais. J'ai bien vu la réaction de Michal à ce qu'elle disait, cette violence, ce refus d'admettre leur séparation. J'ai ressenti la même chose que lui, avec moins de violence, me sentant moins concernée. Mais certaines choses qu'elle a dites n'étaient pas fausses, je m'en suis rendue compte lorsqu'il m'a annoncé qu'il allait passer une soirée entière avec ses amis "à boire et à jouer". Cela ne me plaisait pas, mais pour rien au monde j'aurais voulu l'en empêcher. D'une certaine façon, j'ai préféré taire mes craintes pour me conformer à ce que je pensais devoir être pour lui plaire, et en ça, Antaria avait en partie raison.

Enfin... une soirée à enterrer sa vie de garçon, après tout, cela fait partie des coutumes et c'est même une très bonne chose. J'espère juste qu'ils n'auront pas la mauvaise idée de lui offrir "une dernière nuit de liberté" avec une fille de Comté de l'or, après l'avoir fait boire pour qu'il cède. S'ils faisaient quelque chose comme ça, et je me doute, les ayant observés, que cela pourrait leur venir à l'esprit, même si Michal leur a bien spécifié qu'il n'en voulait pas (comme quoi, s'il les a prévenus, c'est bien qu'il le craint aussi), bref, s'ils s'avisaient de passer outre, c'est clair que plus jamais je ne leur adresserais la parole.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:34



19 ème jour du second mois, « chez nous ».

Je suis en train de finir de me préparer et je suis tellement stressée que j'en oublie la brûlure du tatouage.

C'est sans doute une bonne chose, comme ça je vais pouvoir lui faire la surprise ce soir.

Plus les deux cadeaux... le plaisir de voir sa tête me remplie de joie, d'avance.

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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 14:40

4 ème jour du troisième mois de l'année 31, à Dalaran.

Notre lune de miel se déroule tellement bien que je n'ai eu ni le temps ni l'envie de venir écrire ici.

Nous commençons à envisager un retour et parlons de projets de vie.

Alors qu'il ne voulait plus retourner vivre en ville et pensait partir loin, voilà que l'on recommence à envisager quelque chose en Hurlevent.

Peu m'importe où, du moment que cela soit avec lui.
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Message  Clarisse Loumis Lun 7 Mar - 16:16


6ème jour du Troisième mois à Hurlevent.

Nous sommes rentrés hier soir et... quel bonheur.
Nous voilà tous les deux décidés à monter un établissement en ville.
Il y a tout un tas de démarches à faire mais nous débordons d'énergie tous les deux.


Même jour, fin de journée.

Quelques petits soucis là où nous voulions aller, les plans ont dû être changés.
Pas grave, on connaît bien Reese et son local est plus central.
On a tellement bien travaillé que l'on va pouvoir ouvrir demain soir.

J'espère juste que cela ne nous éloignera pas l'un de l'autre.
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Message  Clarisse Loumis Mar 8 Mar - 9:19


Huitième jour du Troisième mois de la 31ème année.

Il est tôt ce matin et je suis assise dehors, devant les cascades, à écouter le bruit de l'eau qui tombe. Besoin d'air et de calme pour réfléchir.
Je ne sais pas si ce projet est une bonne chose. Il me semblait que oui, jusqu'à hier soir en début de soirée.
Hier soir en fin de soirée, je me disais que je n'étais plus du tout aussi certaine d'avoir envie de retrouver "tout son monde", un monde où je n'existe pas, ou si peu.

Mais voilà... je l'aime, c'est avec lui que je veux vivre, avec lui que je veux être, à toute heure du jour et de la nuit. Et lui, c'est aussi cet homme que tout le monde réclame. Ils ont tous tellement pris l'habitude de le voir se décarcasser pour eux, d'être à leurs petits soins, tous autant qu'ils sont, hommes et femmes, potes et soeurs, famille et ennemis même... leur attente est logique, humaine, inévitable. Je dois faire avec.

Et puis.. ce projet est aussi le mien, j'y ai mis tout mon coeur, toute mon énergie, tout mon temps aussi, c'est le projet des Loumis et je suis Clarisse Loumis. En y réfléchissant, je me rends compte que je n'en ai pas encore vraiment pris la mesure, je suis parcourue de doutes, d'angoisses, de questions qui ne devraient pas exister.

Mais comme je lui disais hier, le jour où nous serons un vieux couple, je ne doute pas que je ne me poserais plus toutes ces questions, que je n'aurai plus envie d'être toujours non loin de lui, à portée de regard ou de voix, que j'aurai bien mieux à faire seule ou ailleurs que d'être en permanence à vouloir le suivre ou l'accompagner. Est-ce que pour autant je dois essayer de prendre mes distances aujourd'hui ? Il me semble que non. Et puis ce serait au dessus de mes forces mentales.

Donc je dois prendre sur moi et trouver le moyen d'être moi-même, heureuse, avec lui, et donc avec "tout son monde".

Là, comme ça, je ne vois pas du tout comment, sinon de me plonger à corps perdu dans le travail. C'est peut-être la solution, du moins pour le moment.
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Message  Clarisse Loumis Jeu 10 Mar - 11:42



10ème jour du Troisième mois à la taverne.

Hier nous avons eu notre deuxième soirée d'ouverture, et la salle n'a pas désemplit, ce qui laisse supposer que notre projet est viable. Du coup, bien que cela soit un jour de fermeture, je suis déjà au travail pour revoir les stocks.

Hier soir, il y a eu un petit incident entre Michal et moi, à cause d'une jeune femme de la garde de Hurlevent qui est venue raconter ce qui s'était passé avec un de leurs détenus. Il s'agissait de Dastan, un ami de Michal, alors forcément, il a réagi au quart de tour, et assez mal, avec un discours assez rageux sur la "garderie" comme il les appelle. Mais rien de grave, et il en était tout désolé ensuite, même si cela lui coûte de ne pas pouvoir exprimer le mépris qu'il a d'eux. Maos, comme je lui ai dit et répété plus tard dans la nuit, nous sommes commerçants et ce sont des clients comme les autres, nous devons tous les deux mettre nos préjugés de côté, moi comme lui, et je vais avoir autant de mal à accepter certains de ses "amis", que lui certains de ses "ennemis".

Pour ma part, je suis allée chercher une lettre de recommandation auprès d'un Officier, pour travailler peut-être avec Mme de Bayle, si elle accepte de traiter avec nous, ce qui est loin d'être certain. Et puis, un peu plus tard dans la soirée, une femme elfe est venue demander si elle pourrait travailler chez nous, on doit la revoir ce soir.

Finalement, un nouvel équilibre se crée, entre Michal et moi et il me semble qu'il est bénéfique pour nous deux. J'ai bien fait de vouloir retrouver ma couleur d'origine, elle me correspond mieux et je n'ai plus besoin de me cacher. Sans doute que cette coiffure courte, qui me rajeunit je trouve, est tout aussi susceptible de ne pas me faire reconnaître. Et puis... peu m'importe s'il me retrouve, je suis définitivement guérie du passé.

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Message  Clarisse Loumis Lun 21 Mar - 23:33

21ème jour du troisième mois de l'année 31, chez nous.

Je suis assise sur le lit, il dort, et moi j'écris, je suis fatiguée, mais j'ai eu envie d'écrire un peu dans mon journal.

J'ai passé la soirée sans lui à la taverne et, même si tout s'est bien passé, si nous avons eu un peu de monde, si Waryna a été, comme d'habitude, parfaite de gentillesse et de courtoisie, je suis un peu triste. Je me suis ennuyée en fait, c'est aussi simple que ça. Quand il n'est pas là, je m'ennuie. Sans lui, la vie me semble fade et sans intérêt. C'est horrible, d'une certaine façon, mais c'est une réalité. Ce n'était pas comme ça avant, je pensais toujours pouvoir trouver de quoi m'occuper, même vaguement, une promenade, une conversation, un peu de couture ou autre, mais là, non, envie de pas grand chose quand il n'est pas là. Waryna m'a d'ailleurs trouvée éteinte sans lui... et m'a fait remarquer que j'avais les yeux brillant dès qu'on parlait de lui "comme une adolescente amoureuse de son preux chevalier".

Avec ça que je me suis dévoilée l'autre soir au port en lui expliquant pourquoi je tenais tant à lui, je me sens vraiment vulnérable. Il me disait tout à l'heure qu'il avait peur de perdre ce qu'il avait tant espéré, maintenant qu'il l'avait, mais je suis bien dans le même état. Ou... non... ce n'est pas que j'ai peur de perdre tout ça, c'est que.. je sais que du jour où ça disparaitra, je cesserai d'avoir simplement le désir de vivre. C'est très clair dans ma tête, s'il devait disparaître de mon univers, pour une raison ou une autre, je ne me vois pas recommencer ma vie, seule ou pas, ici ou ailleurs. Le voyage de Theramore à Hurlevent était bénéfique. Il ne pourra jamais être réitéré.. voyage à sens unique, voyage sans retour.

Je l'ai dit à Waryna, à un moment où je rêvassais, je ne suis qu'une moitié de moi même lorsqu'il n'est pas là. Le couple idéal d'après elle, qui se comprend sans se parler, et se rend la vie douce à force de gestes tendres.... c'est tellement évident que nous sommes faits l'un pour l'autre.

Pour le meilleur et le pire dit-on au moment du mariage... Avec lui intensément, jusqu'au bout de cette vie, tout simplement. N'est ce pas ce que l'on peut rêver de mieux ? Et, quoi qu'il en soit, c'est certainement mieux ainsi. Il sera bien temps de refermer le livre que nous écrivons ensemble quand une fin se profilera. Je l'aime, c'est définitif.

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Message  Clarisse Loumis Mer 30 Mar - 9:01

30ème jour du troisième mois, à la Baie.

Nous avons déménagé, une décision un peu rapide, après avoir visité une maison obtenue en héritage à Forgefer et ... avoir décidé que ça ne pouvait pas être là que nous allions passer notre vie.

Nous avons obtenu du Baron qui régit la Baie le titre de propriété d’une très jolie maison et nous avons emménagé le lendemain et nous voilà résidents de la Baie depuis quatre jours, pour ma plus grande joie.

Du coup Michal a passé son permis fusée, en a acheté une et comme elle va très vite, nous ne sommes même pas pénalisés par la distance pour aller en ville travailler.

Par contre, cela change notre vie et notre relation, c’est évident. Une nouvelle complicité s’est installée, Michal change en profondeur, sans doute que moi aussi. Nous apprenons à nous connaître encore plus, essayant de dépasser nos craintes, lui de me voir repartir en Theramore, ce qui est idiot, je n’en ai nulle envie, mais il ne peut s’empêcher de le craindre, moi de devoir surmonter ma jalousie pour côtoyer toutes celles qu’il a rencontrées avant moi.

Et puis aussi…. intimement , car j’attends de lui qu’il exprime son désir plus qu’il ne le fait, qu’il me montre que je lui appartiens, qu’il le sait et qu’il l’assume. Mais comme il est toujours dans la crainte que je parte, ou de me déplaire, forcément, il a du mal. Nous apprenons ce langage là aussi. Et c’est ce qui est doux, et fort.

Avant-hier soir il m’a emmenée dans la salle de notre mariage et nous avons dansé. Pour la toute première fois de notre vie commune, nous avons dansé ensemble… étrange quand on y songe… mais c’était merveilleux.
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Message  Clarisse Loumis Lun 4 Avr - 16:27

4ème jour du quatrième mois de l'année 31, Hurlevent.

Nuit agitée que la mienne, je me sens un peu fatiguée, sur le petit banc de la place où je l'attends.

Je n'ai pas compris ce qui se passait, hier soir, encore une fois, et je n'ai pas pu m'empêcher de vouloir en parler, ce qui, je le sais, a le don de l'agacer.

Mais aussi...Quelle sensation étrange d'ainsi se dévoiler et d'avoir en retour le sentiment de n'en pas faire assez, ou mal, même s'il ne cesse de me répéter le contraire.

Je ne sais plus que faire, quand j'éprouve cette sensation, je voudrais tout à la fois être autre et m'enfuir, tout en me disant que cela va s'arranger et que je dois patienter.

Mais il n'empêche, je commence à me demander s'il n'y a pas autre chose qui le travaille et qu'il ne dit pas. Peut-être trouver quelqu'un à qui en parler.

Je regrette qu'Antaria ne soit plus là, j'ai le sentiment qu'à elle, j'aurais pu me confier. Et peut-êtr



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Message  Clarisse Loumis Mer 6 Avr - 8:58



6ème jour du Quatrième mois, à la Baie.

Je suis un peu perdue et comme j’aimerais bien réussir à me comprendre, j’ai décidé d’essayer de reprendre tout ce qui s’est passé depuis que je suis arrivée en ville, à la toute fin de l’année précédente.

Pour moi, les choses ont d'abord été simples. La façon d'être de Michal, simple, légère et attentive, m’a immédiatement plu. J’avais si mal au cœur et à l'âme que sa fraicheur m’a tout simplement ravie, je n'ai pas su le cacher et n'ai même d'ailleurs pas essayé, à quoi bon chercher à cacher un ravissement quand on est au plus bas, on est certain d'être déjà dans le pire. On peut donc se contenter d'être, cela ne peut qu'aller mieux. Et puis... Ce n'était pas comme si, de toute façon, j’aurais pu réellement être différente.

Je me suis donc abandonnée à cette rencontre, très vite, et ce même intimement. Et il s‘est passé quelque d’étonnant, car en moi quelque chose a cédé, comme un rempart ou une porte, et une issue improbable est apparue. Pourquoi cette porte a-t-elle cédé, avec lui, et jamais auparavant ? Je n'en sais rien, et si jusqu’à aujourd’hui je m'en satisfaisais, pensant que cela venait sans doute du sentiment amoureux qui nous liait déjà, en fait je pense que c’est probablement ce qui me perturbe ce matin et me pousse à vouloir trouver un début d’explication.

Déjà, si je me remémore ce qui s’est passé, je me souviens que j’avais été très déçue de sa réaction quand j’étais allée lui raconter et tenter de lui expliquer ce que j’avais ressenti. Car il n'avait pas semblé comprendre, et il avait gentiment ri de moi comme il rit déjà de tant de choses. A à ce moment là, sur le coup, je m’étais dit que j’allais sans doute bien trop vite dans le don de moi. Mais qu'est ce que j’y pouvais ? J’avais déjà pratiqué un chemin semblable, je l'avais quitté un peu de moi même ce chemin, sans doute parce qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire, mais de fait, je ne cherchais plus qu'à retrouver ce chemin avec un autre, et je ne m’en rendais pas compte.

Après m'être perdue sur d’autres chemins, bien plus tortueux et douloureux, il me semblait que Michal étant celui qui m’avait sauvée de la noyade, pouvait peut-être bien être celui que j’espérais encore, et ce malgré son apparente indifférence, ou plutôt la distance qu’il semblait tenir à conserver entre nous.

J’y croyais tellement fort ou plutôt j’avais tellement envie d'y croire, que je me sentais prête à faire des concessions, comme d'accepter qu'il partage son temps avec d'autres ou qu'il puisse vivre d'autres émotions ailleurs. Pourtant certaines concessions me sont vite devenues insurmontables et le doute me prenait de plus en plus. Je me suis dit alors, et c’était logique de voir les choses ainsi, que j’avais dû me tromper, que cette porte avait dû céder par hasard, et que j’étais la seule à pouvoir y passer car sinon... qu'allait-il chercher ailleurs, que trouvait-il dans toutes ces relations qu’il ne trouvait pas avec moi, je ne comprenais pas.

Et un jour, je men souviens très bien, un après midi où je devais me rendre au donjon, parce que je l’attendais et qu’il ne venait pas, préférant régler quelque chose avec une autre personne, alors qu’il m’avait dit qu’il serait présent, ce jour là….. j’ai vraiment cru que c’était insurmontable et j’ai pensé fuir.

J’y ai pensé... intensément ... pendant un long moment d'attente insupportable, envisageant toutes les issues possibles... pour finalement le lui signifier, maladroitement, sur les marches du donjon, d'une formule qui s'avéra lapidaire et stupide : nous ne sommes peut-être pas faits l'un pour l'autre... Et dans la seconde suivante, regretter la formule et souhaiter ne jamais l'avoir dite. Mais le mal était fait, il a marqué le coup et je m’en suis longtemps voulu.

Est ce que cette phrase est encore entre nous ? Cela me semble fou et pourtant, quand je vois les discussions que nous avons en ce moment, les difficultés que nous rencontrons à nous comprendre, les tentatives de part et d’autre d’adapter notre comportement à celui de l’autre et le mal que cela nous fait car nous n’y arrivons pas toujours, les doutes qui l’étreignent, je le sens, et les doutes qui sont les miens par moments, quand je vois tout cela, oui, je me demande si cette phrase n’est pas encore là, flottant en permanence entre nous, nous empêchant de voir l’évidence : peu importe ce qui a pu advenir par le passé, aujourd’hui nous sommes l’un en face de l’autre en parfait accord et c’est tellement improbable que nous avons du mal, l’un comme l’autre, à l’accepter comme tel.

Est ce que nous sommes véritablement l’un en face de l’autre et en parfait accord, même s’il ne semble pas s’en rendre compte ? Oui… car sinon, me verrais je ainsi transportée au simple contact de sa présence, serais je aussi disponible et prête à tout pour lui, accepterais-je de mettre le reste de ma vie entre parenthèses pour être le plus possible avec lui… non. Mille fois non.

Il se passe là, pour moi, quelque chose qui ne s’est jamais passé et qui ne cesse de m’étonner. C’en est même tellement simple que j’en suis toujours ébahie, n’ayant même plus la force, ou l’idée, ou même l’envie parfois, de signifier quelque chose d’aussi évident. Je lui appartiens, corps et âme, et le fait qu’il ne le sente pas, le fait qu’il doute, me démolit.

Cela vient donc de moi, et non de lui, comme il ne cesse de le répéter. Je prends tout et trop, au sérieux. Je me suis engagée sur un chemin et même si j’ai douté, c’est exact, maintenant je suis sur ce chemin, entière, et le plus … sérieusement du monde, quitte à m’en trouvée définitivement et profondément modifiée, transformée, marquée.

Je sais bien que cela ne doit pas être compréhensible, quand on ne me connaît pas bien.

Il me fait penser à Nicky, quand il hésitait encore à croire à ce qui lui arrivait. Je lui semblais tellement loin et inaccessible qu’il me voyait comme un rêve, un mirage, ce que j’étais sans doute partiellement. Pourtant j’étais sur ce même chemin, avec et pour lui, et je le lui ai montré. Il en a été profondément modifié, tout comme moi, et nous avons marché plus de deux ans ensemble sur ce chemin, nous nourrissant l’un l’autre de nos tâtonnements, de nos peurs, de nos doutes et de nos joies.

Comme j’ai pu pleurer, de ne pas me sentir comprise, à l’époque. Comme il en a été malheureux et bouleversé, mais aussi comme il a su se remettre en question et me suivre sur le chemin que je voulais prendre avec lui. Nous étions faits l’un pour l’autre pour cette partie du chemin, et c’est ce qui fait de notre histoire, une histoire d’exception. Ce qui fait que je ne l’oublierai jamais, et que, je le sais puisqu’il me l’a dit tant de fois, je resterai à jamais pour lui, celle qui l’a transformé en profondeur et en a fait un homme, prêt à vivre en confiance.

Depuis que j'ai rencontré Michal, je pleure de nouveau, pas si souvent, mais mes doutes et mes espoirs sont les mêmes. C’est un autre chemin mais il est du même ordre. Non, c’est le même chemin, mais un nouveau tronçon, bien différent, et si c’est bien le même chemin, qui me bouleverse et me modifie en profondeur, c’est un tronçon que je dois faire avec Michal, car nous sommes faits l’un pour l’autre pour cette partie du chemin, et c’est, là aussi, ce qui fait de notre histoire, une histoire d’exception. C’est une évidence.

Il ne me reste plus qu’à savoir faire deux ou trois petites choses : retrouver un peu de légèreté, acquérir de la patience, et lui montrer ce qu’il ne semble pas voir, que nous sommes ensemble sur le même chemin et que je suis prête à tout pour avancer avec lui.

…………

Je lis et je relis ce que je viens d’écrire et une idée folle à pris corps en moi peu à peu. Et si le long bout de chemin fait avec Nicky n’était pas advenu pour justement me permettre d’entamer et d’accepter celui que j’ai emprunté il y a trois mois. Car c’est évident que sans lui, je ne serais plus là, je ne saurais pas que l’on peut aimer ainsi, je n'aurais pas su m'abandonner à Michal car je n’aurais pas déjà vu, senti, entendu comme s’abandonner à l’autre pouvait rendre heureux, je ne saurais pas non plus comme on ne doit pas craindre d’être modifié, je n’aurais pas une telle confiance en ce qui advient, je ne serais tout simplement pas celle que je suis aujourd’hui, prête à faire un nouveau bout de chemin, aussi improbable soit-il.

Il n’y a pas de hasard, que des évidences. Il suffit juste de savoir les accepter comme telles.

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Message  Clarisse Loumis Jeu 14 Avr - 10:29


La Baie, 14ème jour du 4ème mois.

Dans ses bras, je me sens comme une barque voguant sur un infini de douceur, glissant vers lui au gré de ses envies, me fondant en lui comme si je n'étais qu'un souffle fusionnant avec le sien, happée par l'infini du monde qu'il ouvre pour moi.

Dans ses bras je ne suis que poussière d'Etoile qui prend vie et devient Tout.

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